2 octobre 1958-2 octobre 2020, cela fait aujourd’hui 62 ans que la Guinée a accédé à son indépendance sous le leadership du camarade Ahmed Sékou Touré. Après plus d’un demi-siècle de colonisation française, le jeune Etat guinéen sonnait ainsi le glas du joug colonial en devenant le premier pays indépendant de l’Afrique subsaharienne.
Cette indépendance est intervenue après le vote du « Non » au référendum du 28 septembre 1958 instituant la communauté franco-africaine. Proposée par la France, cette ‘’Communauté ‘’ a été rejetée par l’écrasante majorité de la population guinéenne qui le fera savoir en votant massivement en faveur de la souveraineté.
L’expression « nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage », prononcée par le camarade Ahmed Sékou Touré devant le général De Gaule, dans la salle du 25 août 1958, à Conakry restera à jamais gravée dans les annales de l’histoire de la Guinée.
En commémorant cette date historique, les guinéens rendent ainsi hommage aux illustres devanciers qui ont extirpé le pays des affres de la colonisation. 62 ans après, le jeune Etat est en forte mutation, se construit clopin-clopant. En dent de scie, évidement !
Du « socialisme intégrale » à la « démocratie moderne », force est de constater que beaucoup d’eau a coulé sous le pont.
Le premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré régna en maitre absolu pendant 26 ans, de 1958 jusqu’à sa mort le 26 mars 1984.
Le 3 avril ‘’84’’, l’armée guinéenne avec à sa tête le colonel Lansana Conté, s’empara du pouvoir à travers un coup d’Etat. Tout comme son prédécesseur, Lansana Conté présidera pendant 24 ans aux destinées de la Guinée, avant de trépasser le 22 décembre 2008. Auparavant, au crépuscule de son régime, la déliquescence de la gouvernance avait atteint son paroxysme. Le peuple qui avait jusque là consenti d’énormes sacrifices n’en pouvait plus. Les événements de janvier et février qui ont secoué les fondements du régime en font foi.
Comme en ‘’84’’, une junte militaire dirigée par le fougueux jeune capitaine Moussa Dadis Camara s’empara à son tour du pouvoir. A la tête du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement), il promet de rétablir l’ordre constitutionnel et de restituer le pouvoir aux civils.
Mais très vite cette bouée de sauvetage tournera au cauchemar. Car la Guinée indépendante allait connaitre le pire des événements de son histoire. Puisque le 28 septembre 2009, 157 personnes sont tuées, des centaines de femmes et filles sont violentées et violées par les militaires au stade du même nom. Malheureusement 11 ans après, les victimes réclament toujours justice.
Le 3 décembre 2009, le chef de la junte échappe de justesse à la mort. Au cours d’une altercation avec son ex-aide de camp Toumba Diakité, ce dernier lui tire une balle dans la tête. Il sera évacué d’urgence au Maroc pour des soins, avant d’être plus tard officiellement écarté du pouvoir le 15 janvier 2010.
Cette 2ème phase de la transition qui sera finalement achevée par le n°2 de la junte à l’époque, le général Sékouba Konaté, alias ‘’El Tigre’’ a permis en 2010, à l’élection du premier président guinéen démocratiquement élu, le Pr Alpha Condé.
Réélu en 2015 pour un 2ème et dernier mandat de 5 ans, l’actuel pensionnaire de Sékoutourayah devrait passer la main à son successeur le 21 décembre 2020. Mais ayant goutté aux délices du pouvoir, le ‘’Mandela guinéen’’ caresse désormais le précieux désir de marcher sur la trace de ses deux prédécesseurs, les feux Ahmed Sékou Touré et général Lansana Conté. : ‘’le koudeisme’’ (ndr, le pouvoir à vie).
Pour arriver à ses fins, l’ancien opposant historique n’a pas hésité de modifier la constitution dans le but de s’offrir un 3ème mandat anticonstitutionnel. Et à deux semaines de la présidentielle prévue le 18 octobre prochain, tout porte à croire que les dés sont déjà pipés.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info
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