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Présidentielle en Guinée : les amers reproches d’Abdourahmane Sano aux émissaires de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU en Guinée

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Le coordinateur national du FNDC (Front national pour la défense de la constitution) n’a pas apprécié le rapport final de la mission conjointe CEDEAO, UA, ONU, en Guinée. Abdourahmane Sano l’a fait savoir lors de sa rencontre avec ladite mission le vendredi 2 octobre 2020, à Conakry. Dans un langage caustique qui frise parfois le regret d’avoir cru à ces institutions, l’activiste de la société civile dit ses vérités et accuse la mission de vouloir favoriser « un coup d’Etat civil » en Guinée. Lisez…   

Mme la ministre (ndr, Shirley Ayorkor Botchway ministre des affaires étrangères du Ghana et cheffe de la mission) le FNDC n’est pas partie prenante des élections dont vous parlez. Nous ne sommes pas partie prenante tout simplement parce que, nous avons l’impression que la tragédie que notre peuple est entrain de vivre depuis environs deux ans maintenant, n’a pas suffisamment d’échos, notamment au niveau de la CEDEAO…

Je voudrais vous dire que les problèmes que la Guinée traverse, dépassent les simples questions d’une élection. Nous sommes conscients que cette élection est nécessaire et nous savons qu’elle est programmée à une date légale. Mais nous avons aussi conscience du fait que cette élection qui est programmée pour le 18 octobre, vise tout simplement le blanchissement d’un coup d’Etat, un coup d’Etat civil. Vous comprendrez que nous sommes très étonnés que les institutions que vous représentez ici aujourd’hui, au mépris de vos lois et de vos propres principes, fassent comme si la tragédie que la Guinée traverse depuis que M.Alpha Condé a entrepris de faire le coup d’Etat constitutionnel pour se donner le pouvoir à vie, comme si cette tragédie ne fait suffisamment de résonnance au niveau des partenaires naturels de la Guinée. Des partenaires qui constituent par ailleurs des institutions de recours.

Non, il ne s’agit pas d’une crise électorale, il ne faut pas ramener le problème de la Guinée à une crise électorale. Sinon encore une fois, notre précieuse institution prendra la responsabilité de répéter l’expérience malienne, encore très fraiche dans les esprits.  

Nous avons en réponse aux aspirations de notre peuple, constitué un mouvement citoyen qui a été lancé le 3 avril 2019 pour attirer l’attention de la communauté internationale avec plusieurs alertes, à travers des mémorandums et courriers pour dire qu’il y a un coup d’Etat qui était dans le programme des autorités guinéennes et qu’il fallait prévenir parce que, c’est source de crise, source de déstabilisation de nos Etats et source de tragédie. Nous n’avons pas été suivis. Si la réunion d’aujourd’hui n’était organisée rien que par la commission de la CEDEAO, le FNDC ne serait pas dans cette salle. Parce que, en nous réjouissance de votre présence ici, nous avons la certitude que la commission n’a pas suffisamment relayé les cris de cœur du peuple de Guinée pour qu’il y ait une mobilisation rapide comme c’a été le cas au Mali pour éviter 93 morts, pour éviter des centaines de blessés, pour éviter des dégâts matériels, pour les kignappinds que nous avons connu ici, les atteintes des droits de l’homme au vu et su de tous.

Non seulement aucun de nos courriers n’a eu le mérite d’un minimum de réponse mais aussi le peuple de Guinée a été pris au mépris. Si vous prenez la responsabilité de ramener la crise de la Guinée à une question électorale, vous endossez la responsabilité d’un coup d’Etat en Guinée. Parce que, l’injustice crée toujours la frustration et les frustrations conduisent toujours à des réactions. Notre action est pacifique, nous ne sortirons jamais de cette logique de paix. Mais nous refusons de vendre notre dignité devant une dictature quelle qu’elle soit, devant une violence quelle qu’elle soit.

Fatoumata Camara pour kibanyiguinee.info

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