Je suis étonné de ma Guinée. Étonné du leader incapable de gérer les dissonances à sa vision et à sa stratégie de gouvernance avec intelligence et empathie. Je m’étonne du leader hostile à la contradiction et qui considère la contestation comme un crime répréhensible de lèse-majesté.
Je suis étonné de l’opposant. Je m’étonne de l’opposant casseur en mal de civisme qui vandalise les acquis et continue d’appauvrir un pays déjà très mal en point.
Je suis étonné de l’opposant en mal de vertu, opposé à l’opposition pour un strapontin convoité, au mépris de l’alternance démocratique.
Je suis étonné de mon pays. Étonné de l’intellectuel indifférent aux souffrances des pauvres populations contributrices de sa formation. Je m’étonne de l’apathie du cadre intellectuel incapable de s’indigner des agissements d’une administration prédatrice et répressive.
Je suis étonné de mon pays. Étonné du religieux bien instruit de l’injonction divine de soutenir le bien et combattre le mal. Je m’étonne du religieux complice d’une gouvernance corrompue sous le prétexte fallacieux que le pouvoir est conféré par Dieu.
Je suis étonné de l’agent du service d’ordre qui travestit la noble fonction de maintien d’ordre dans la cité. Je m’étonne de l’agent de sécurité qui fut civil, qui redeviendra civil, dont le père, mère et fratrie sont civils mais maltraite le civil à tort.
Je m’étonne de l’agent, bien que non tenu d’obéir à un ordre illégal, tire sur l’adolescent aux mains nues, malmène la femme et le vieillard.
Je suis étonné de la jeunesse. Je m’étonne de la jeune fille et du jeune homme instrumentalisés par le bas instinct de l’ethnie. Je m’étonne de la jeunesse perturbée qui s’attaque aux symboles sacrés de l’État et tue lâchement des gendarmes commis à la sécurisation de l’économie nationale.
Je suis étonné de la gent féminine. Je m’étonne de la femme autrefois symbole de courage et de fierté, à l’image de M’balia qui brava le sabre assassin de la chefferie traditionnelle au nom de l’émancipation nationale. Je m’étonne de la femme aujourd’hui ombre d’elle-même, devenue corruptible et manipulable à volonté pour les basses causes à vil prix.
Je suis étonné de mon pays. Étonné du citoyen. Je m’étonne de celui qui pense que le changement lui tombera gratuitement dans les mains sur un plateau d’or tel la manne tomba du ciel.
Je suis étonné du ‘’Patriarche’’. Je m’étonne de la rhétorique charlatanesque du ‘’Sage’’ sur la paix, sans référence à la vérité, sans soutien à la justice, sans considération pour la réconciliation.
Bien loin de la sortie de l’auberge, pauvre Guinée ! Vivement l’assistance de Dieu !
Sény Facinet SYLLA
Ancien Secrétaire Général Adjoint des Affaires Religieuses
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