C’est un secret de polichinelle. L’espoir que nourrissent le RPG arc en ciel et la CEDEAO, c’est la libération sans condition de l’ancien président de la république. Une mission qu’ils se sont assignés depuis la capture d’Alpha Condé suite au renversement de son régime par le CNRD, le 5 septembre 2021.
Dès après le putsch, dans un communiqué conjoint, la CEDEAO et l’UA ont condamné le coup de force puis demandé le retour à l’ordre constitutionnel. Mieux, elles ont tapé du point sur la table pour exiger « la libération immédiate » du président déchu.
Pour mettre la pression sur la junte, la CEDEAO suspend la Guinée et envoie une mission pour discuter avec les nouvelles autorités. Une première mission arrive le 10 septembre 21. Elle rencontre le président déchu mais n’obtient pas sa libération. Une semaine après, une seconde délégation, cette fois, conduite par le président en exercice de la CEDEAO lui-même, est reçue à Conakry. Le président ghanéen Nana Akufo Addo était accompagné de son homologue ivoirien Alassane Dramane Ouattara. « Les chefs d’Etat de la CEDEAO m’ont demandé de venir discuter des conclusions du sommet avec les dirigeants », a déclaré Nana Akufo à sa descente d’avion à Conakry.
Cette mission n’aboutira finalement à rien. Puisque les deux émissaires de la CEDEAO vont repartir sans leur homologue. « Nous avons pu rencontrer mon ami, qui va bien. Nous allons garder le contact », a affirmé Ouattara peu avant de quitter Conakry sur la pointe des pieds.
Droit dans ses bottes, la junte militaire restera intraitable sur la question. « Nous ne céderons sous aucune pression », a indiqué le colonel Amara Camara, n°2 et porte parole du CNRD à l’occasion d’un point de presse animé au lendemain du départ de la mission de la CEDEAO.
Début novembre, c’est au tour de l’ancienne mouvance, le RPG arc en ciel et ses alliés, d’emboiter le pas à l’organisation sous régionale. Malgré l’épée de Damoclès au dessus de leur tête, les anciens dignitaires prendront leur courage des deux mains pour sortir de leur carcan et réclamer la libération de leur ancien champion. A travers une conférence de presse qu’ils animeront le 3 octobre 21, au siège du parti à Conakry.
« Notre seul objectif aujourd’hui est la libération du président Alpha Condé », a déclaré à cette conférence l’ancien président de l’assemblée nationale. Pour plaider la cause de l’ancien président auprès du CNRD, Amadou Damaro Camara, tentera un peu de jouer sur la corde sensible. En évoquant l’âge (83 ans), d’Alpha Condé qui le rendrait très fragile. L’ancien député pense que rien que pour ça, Alpha Condé devrait être libéré.
Mieux, ce baron de l’ancien parti au pouvoir aura même l’outrecuidance, dans un langage métaphorique de tenir des propos assimilables à une menace à peine voilée à l’encontre des nouvelles autorités. « Nous ne voulons pas la guerre et la violence en Guinée », avait lancé Damaro.
Cette sortie imprudente du RPG arc en ciel et de ses alliés les attirera la foudre du CNRD. Les principaux leaders sont convoqués le lendemain au palais Mohamed 5 pour des explications. Face au colonel Mamady Doumbouya, ils se font remonter les bretelles.
Le même soir, le CNRD publie un communiqué et fait une mise en garde. « Le CNRD a le regret de constater que des agissements de certaines formations politiques et activistes, sont de nature à troubler l’ordre public et la quiétude sociale », peut-on lire dans le communiqué.
Poursuivant, le CNRD mettra en « garde les acteurs politiques et les activistes qui…agissent contre la paix et la quiétude sociale ».
N’empêche, ces derniers temps, le CNRD a décidé de faire preuve de bonne foi et de largesse en faveur de l’ex président guinéen. En le transférant, depuis le 28 novembre, du palais M5 au domicile officiel de son épouse à Landréah dans la proche banlieue de Conakry. S’inscrivant dans la même logique, la junte rassure qu’Alpha Condé continuera de bénéficier d’un traitement digne de son rang. Mais, insiste-t-elle, cela se fera « sans aucune pression nationale ou internationale ».
Cette largesse du CNRD vis-à-vis de l’ancien dirigeant guinéen est perçue par ses défenseurs comme un « petit pas ». C’est le cas de l’ancien député de la mouvance, Makanera Kaké, pour qui, la finalité doit surtout être sa « libération ». Souleymane Keita, ex-conseiller à la présidence de la république qui embraye dans le sens dit prendre « acte » mais exprime le souhait pour qu’Alpha soit « libre ».
L’attitude va-t-en guerre du RPG arc en ciel pour obtenir vaille que vaille la libération de l’ancien locataire de sékoutouréya, même relevant du droit commun, est-elle une meilleure option pour obtenir gain de cause ? Du moment où, d’autres estiment que le sort de l’ancien président devrait être du ressort de la justice. L’un dans l’autre, il revient au colosse du 5 septembre, de trancher.
En attendant, Alpha et ses soutiens devraient se contenter de la somptueuse résidence de l’ex-première dame Hadja Djéné Kaba Condé. Surtout que celle-ci vaut encore mieux que les deux pièces qu’il (Alpha Condé) occupait au palais Mohamed 5. Car, comme dit le dicton, ‘’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras’’.
En d’autres termes, ‘’il faut savoir se contenter de son bien présent, si modeste soit-il, plutôt que se nourrir de grands espoir de conquête qui pourront bien se révéler n’être que des chimères’’.
Touraman Keita pour kibanyiguinee.info
Tél : 655 27 13 18
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