Le procès historique de l’ancien président guinéen Moussa Dadis Camara et de ses coaccusés dont plusieurs anciens ministres, poursuivis pour leur responsabilité dans le massacre du 28 septembre 2009 au stade du même nom, qui avait fait plus de 150 morts selon l’ONU, a repris ce lundi 10 juillet 2023 au Tribunal de Première Instance de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry, après plus d’un mois d’interruption.
Petit rappel
Rappelons que plusieurs grèves étaient à l’origine de cet arrêt brusque et momentané du procès. L’interruption est intervenue suite à la colère des avocats qui, pour exiger de l’État une aide juridictionnelle, ont refusé de plaider en boycottant le procès.
Mis devant les faits le 29 mai, le président du tribunal reporte l’audience. Après moultes tractations, un accord est trouvé et la reprise est annoncée pour le 21 juin. Cependant, contre toute attente, cette reprise ne sera pas effective. Car, ce jour, les prévenus n’ont pas été extraits de leur cellule, à cause du débrayage des gardes pénitentiaires du pays qui réclamaient un meilleur traitement de salaire. N’ayant pas le choix, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara avait alors décidé de suspendre de nouveau l’audience et de renvoyer le dossier au 10 juillet.
Les avocats inflexibles, donnent un sursis aux autorités judiciaires
Bien qu’ayant accepté de revenir au procès, les avocats sont restés inflexibles sur leur revendication et ont maintenu leur pression sur le ministère de la Justice à qui ils ont donneront un sursis. « Nous leur avons donné le mois de juillet pour régler le problème » de paiement, a confié l’un des avocats de la défense, Me Antoine Pépé Lamah chez nos confrères de l’AFP.
La colère saine d’un assistant juridique au procès
Aussi présent ce jour, Mamadou Saidou Diallo, assistant juridique au procès, s’est exprimé sur cet imbroglio qui menace la sérénité du procès. Il a vision plutôt critique autour de l’organisation du procès du 28 septembre 2009 par les autorités de la transition.
Approché par le soin de notre rédaction, il affirme que la « reprise » du procès était « nécessaire ». Avant d’indiquer que, « la poursuite du procès est une préoccupation majeure qui devrait être une priorité des autorités de la transition. » D’où, selon lui, « l’impérieuse nécessité pour celles-ci de satisfaire la revendication des avocats pour la bonne marche du procès. »
Dans la foulée de cette reprise, M.Diallo saisira également l’occasion pour exprimer son regret de constater l’insouciance des autorités de la bonne marche du procès du 28 septembre 2009.
Contrairement à ce que veut faire croire le pouvoir central de Conakry, dénonce l’assistant juridique, « ce procès, est une parodie de justice organisée à l’effet d’amadouer les consciences populaires au nom d’une soi-disant refondation de l’Etat. » Alors qu’en réalité, fulmine-t-il, « il s’agit d’un terme creux, inventé à juste titre pour manipuler les guinéens »
Donc d’après lui, l’unique effet escompté recherché par la junte en organisant ce procès, « c’est de soigner son image auprès des citoyens » car, soupçonne-t-il, « elle nourrit l’espoir de se cramponner au pouvoir. »
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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