C’est un bras de fer qui risque de perdurer plus longtemps qu’on ne pourrait l’imaginer, entre la CEDEAO et la junte militaire qui a pris le pouvoir au Niger le 26 juillet dernier. En dépit des multiples pressions et menaces qu’elle brandit, l’organisation sous régionale n’arrive toujours pas à faire fléchir les putschistes. Ces derniers viennent d’ailleurs de proposer une transition de 3 ans maximum, mais que la CEDEAO a aussitôt rejeté en estimant qu’il s’agit d’une « plaisanterie » et tout en jugeant cela d’« inacceptable », elle a exigé le rétablissement à l’ordre constitutionnel « le plus rapidement possible ».
Au lendemain de la déclaration de la junte militaire faite le samedi 19 août, le commissaire des affaires politiques à la paix et à la sécurité de la CEDEAO a accordé des interviews à des médias étrangers et lors desquelles, il a exprimé la position de l’institution vis-à-vis de la volonté de la junte nigérienne de conduire une transition dont la durée ne saurait excédée une période de 3 ans.
« Une période de transition de 3 ans est inacceptable », a réagi Abdel Fatau Musah sur la chaine Al-Jazira, avant de préciser : « nous voulons que l’ordre constitutionnel soit restauré le plus rapidement possible.»
Il confirmera cette position avec nos confrères de la chaine britannique la BBC, où il affirmera que cette déclaration du chef de la junte militaire du Niger, le général de brigade Abdourahamane Tiani est un « rideau de fumée » qui assombrit la voie du dialogue ou de la diplomatie. Mais pour le commissaire A.F.Musah, « plutôt ils (ndlr, les putschistes) rendront le pouvoir aux civils et se concentreront sur leurs responsabilités premières, mieux ce sera pour eux »
Cette réaction de M.Musah face aux velléités de la junte nigérienne de s’accrocher au pouvoir, indique clairement que son institution n’a pas encore dit son dernier mot. Ce putsch nigérien est perçu par la CEDEAO comme un coup d’Etat de trop perpétré dans l’espace Ouest africain. D’autant plus que sa crédibilité en dépend car, ayant été déjà très affectée suite aux coups d’Etats perpétrés au Mali, au Burkina et en Guinée. Il estime donc que la CEDEAO ne saurait admettre un autre coup de force qui vient bafouiller les principes démocratiques.
Mais parviendra-t-elle à dissuader une junte déjà en place et qui est prête au sacrifice ultime pour garder le pouvoir ?
La réponse à cette question est actuellement source de beaucoup de spéculations mêmes chez les observateurs les plus avertis. La junte militaire, partira ou ne partira pas ? Et la CEDEAO, cédera ou ne cédera pas ?
Pour l’instant, les deux camps sont à couteaux tirés et aucun ne veut lâcher du lest. Le bras de fer continue donc et personne ne sait de quel côté le biscuit va se casser.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info
Tél : 655 27 13 18
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