DISCOURS DU CHEF DE L’ETAT SUR LE DRAME DE KALOUM : LE COLONEL DOUMBOUYA A-T-IL RASSURE LES GUINEENS ?
C’est un discours qui était très attendu par l’opinion publique nationale. Depuis l’explosion du dépôt central d’hydrocarbure de la Société guinéenne de pétrole (SGP) dans la presqu’ile de Kaloum qui a fait d’importants dégâts, le chef de l’Etat ne s’était toujours pas exprimé. Du moins publiquement. C’est désormais chose faite. Le colonel Mamadi Doumbouya s’est adressé au peuple dans la soirée de ce mercredi, c’est-à-dire, 72 heurs après le drame de Kaloum. Avec un discours rempli d’empathie mais creux en engagement.
La tragédie du dimanche s’est produite au moment où même les pires ennemis de la transition ne pouvaient souhaiter une telle chose à la Guinée. Elle a surtout pris tout le monde de court et provoqué une onde de choc générale qui a entrainé une certaine psychose au sein de la population qui redoute depuis ce jour, les conséquences liées à la destruction du dépôt central de carburant.
Vivant sous l’emprise de cette hantise, les guinéens s’attendaient à un discours rassurant de la part de leur président. Un discours qui les mettrait dans l’expectative des jours meilleurs. Cela malgré le long silence dans lequel le locataire du palais Mohamed V s’était muré.
Pourtant, il se devait les heures qui ont suivi le drame, se rapprocher de son peuple pour le rassurer. Et sa prise de parole devait être immédiate pour compatir à la douleur des sinistrés. Mais aussi pour marteler le sceau de l’Etat dans sa pro-activité à prendre des mesures appropriées en pareille circonstance. Ce qui allait réconforter les citoyens et éviter trop de supputations.
Surtout qu’avec ce drame, c’est toute la Guinée qui est affectée. L’élan de solidarité exprimé par l’ensemble des entités sociales du pays est une preuve éloquente de cette réalité.
Cette unité d’action devait être imprimée dès le début par le premier magistrat du pays. En prenant tout de suite la parole et en se rendant le premier sur le site du drame et au chevet des sinistrés. Malheureusement, pour des raisons inavouées, le couple présidentiel à préféré marquer la distance avec son peuple dans ses moments douloureux de la vie.
Alors qu’il aurait dû saisir cette opportunité pour se réconcilier avec son peuple. Car il est évident que depuis quelques moments les relations entre pouvoir et population se dégradent. Et qu’il n’y avait pas meilleur moment de se rapprocher de nouveau de son peuple que celui-là.
L’on se souvient qu’en fin juillet 2014, le chef de l’Etat déchu, Alpha Condé s’était précipité au chevet des blessés puis s’est rendu à la plage de Rogbané où 33 jeunes guinéens venaient de perdre la vie des suites de bousculades dans un concert.
Et en août 2017, il s’était aussi rendu à la décharge de Dar Es Salam dont l’éboulement avait coûté la vie à huit (8) guinéens. Les pieds dans la boue, il était allé compatir à la douleur des familles endeuillées.
Donc, à défaut de faire pareil, son discours du mercredi était censé corriger cette erreur de l’homme d’Etat qu’il incarne. Ce sont des défis majeurs auxquels tout chef d’Etat est parfois confronté mais qui doit être à même d’y faire face pour la grandeur de la République dont-il dirige les destinées.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
