Décidé de réduire les médias au silence, le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) ne lésine plus sur les moyens pour réaliser son funeste projet.
Depuis quelques mois, le pouvoir militaire de Conakry s’en prend aux médias, qu’il traite avec dédain et sans vergogne. Il jette régulièrement les journalistes en pâture avant de les clouer au pilori.
C’est un pouvoir qui s’est lancé le défi de mettre fin au métier de journaliste en Guinée. Un challenge qu’il jure de relever à la soviétique. Fait à dessein, il tient vaille que vaille à transformer l’espace édénique de la presse en un véritable ilot d’enfer pour y engloutir tout journaliste professionnel qui s’évertuera à correctement et dignement faire son travail.
Cet ainsi que depuis quelques moments, habité par les forces du mal, le pouvoir agit dans une arrogance inconcevable, s’acharne sans relâche contre les médias privés. Si au début il faisait de la langue de bois et niait d’être le diable qui en veut aux médias, il ne se cache plus derrière son masque funèbre.
Avec la bénédiction du maitre de céans, la mise en œuvre de ce plan démoniaque ne souffre d’aucune difficulté. La machine est bien huilée et tout marche comme sur des roulettes.
Le brouillage des ondes, la suppression d’émissions encombrantes, la restriction d’accès à l’internet, l’embastillement des journalistes…toute une batterie de mesures prises pour anéantir les médias. Et cela peu importe le prix à payer. Même s’il faut détruire les acquis obtenus au prix d’âpres luttes et d’énormes sacrifices.
Ayant déjà scellé le pacte avec Hadès, pour arriver à ses fins, le CNRD pleins tous ceux qui se dresseront sur son chemin.
Preux journaliste et syndicaliste, Sékou Jamal Pendessa paie aujourd’hui le prix de son audace. Sauvagement arrêté par des bidasses à la botte du pouvoir, il est jeté en prison. Où il croupit comme un malpropre depuis un mois, dans des conditions sordides et inhumaines. Sans le moindre jugement.
Cette semaine, c’est un autre journaliste chroniqueur qui se retrouve dans le viseur du pouvoir. Administrateur général du site d’information « ledjely.com », Aboubacar Sano Barry s’est vu convoquer, sans raison, par la Direction de la police judiciaire (DPJ).
Cette « birmanisation » de la Guinée reflète éloquemment l’agacement de la junte suite aux multiples dénonciations de corruption par la presse. Qui constitue en outre, une réelle menace pour son pouvoir soupçonné d’avoir un agenda caché.
C’est pourquoi, consciente de sa fébrilité face à la presse, la dictature de Conakry songe à exterminer celle-ci. Cela, par tous les moyens.
Cependant, il serait judicieux pour le CNRD de noter ceci : même si la Guinée devenait un torrent d’eau bouillante, cela n’empêchera point le journaliste de surfer et faire son travail. Le CNRD peut même pousser son outrecuidance, et fermer tous les médias, embastiller tous les journalistes, la presse survivra.
Or, le pouvoir quel qu’en soit sa durée, verra un jour son déclin. C’est dire que, quoique le CNRD fera, la presse ne courbera jamais l’échine devant une tyrannie militaire ou civile.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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