Et de un ! Et de deux ! Et de trois ! Comme cela se dit souvent : « il n’y a jamais deux sans trois.» Après Mohamed Béavogui et Dr Bernard Goumou, Amadou Oury Bah communément appelé « Bah Oury » vient d’être investi de la confiance du Chef de l’Etat pour diriger le portefeuille de la Primature. Il devient ainsi le troisième Premier Ministre depuis la prise du pouvoir par le CNRD (Comité national du rassemblement et du développement) le 5 septembre 2021.
Sa nomination intervient à un moment crucial de la transition. A une période où le pays traverse une crise sociale, économique et politique profonde. Une trilogie qui constitue pourtant le cheval de bataille du CNRD.
Or ni socialement ni économiquement encore moins politiquement, la situation ne se porte mieux actuellement en Guinée. Elle est plutôt alarmante à tout point de vue.
La junte militaire qui suscita un réel espoir à l’aune de sa prise du pouvoir se trouve présentement en réelle difficulté. La détérioration de ses relations avec le peuple ayant atteint son summum.
Au début, elle jeta son dévolu sur un fonctionnaire international, Mohamed Béavogui pour occuper le petit palais de la Colombe. Mais très vite sa relation avec la junte se détériora. Et neuf mois (octobre 2021-Juillet 2022) après sa nomination il quittera le pays sur la pointe des pieds sans jamais y retourner.
Il est succédé par Dr Bernard Goumou, alors ministre du commerce, d’abord comme intérimaire avant d’être confirmé au mois d’août 2022. Après dix huit (18) mois de collaboration avec la junte, ce dernier et son gouvernement sont remerciés sans ménagement. A travers un décret publié le 19 février 2024, son gouvernement est dissout sans « motif » et les comptes des ministres gelés.
Deux premiers ministres, un bilan « comateux »
Socialement, les populations qui traversent des moments de soudure à cause de la cherté de la vie ont complètement déchanté. Les rapports entre la société civile, les médias et l’Etat sont à couteau tiré. Les premiers sont muselés et embastillés par le second.
Economiquement, malgré ce qu’on veut faire croire aux guinéens, que l’économie du pays se porte comme un charme, la réalité du terrain est tout autre. C’est un secret de polichinelle que depuis l’explosion du dépôt d’hydrocarbure de Kaloum, en décembre dernier, l’économie nationale est sous perfusion. Les prix des denrées de première nécessité ont connu une hausse vertigineuse au grand dam des citoyens. Les coupures d’électricité sont devenues monnaie courante.
Politiquement, ça n’a jamais marché. Dès le début de la transition la mayonnaise n’a pas pris. Les nouvelles autorités ayant très vite ouvert le front contre une partie de la classe politique guinéenne. Une situation aggravée par l’absence d’un cadre du dialogue inclusif.
Pour corriger cette alarmante situation, résultante d’une mauvaise gouvernance, le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya a finalement jeté son dévolu sur un homme averti. Bah Oury, qui est à la fois technocrate et fin politicien.
Nommé le 27 février, au poste de Premier Ministre et installé le surlendemain, Bah Oury n’est pas un méconnu du commun des mortels guinéens. Les nombreuses réactions positives qui enflamment la toile depuis sa nomination en font foi.
Fin politique et technocrate rompu à la tâche, sa nomination a ravivé la flamme de l’espoir chez l’écrasante majorité des guinéens.
Intègre, méthodique et rigoureux, il est perçu comme celui qui a l’étoffe de pouvoir changer les choses.
Intelligent, brillant et cultivé, Bah Oury est également connu pour sa persévérance dans tout ce qu’il entreprend. Des vertus qui plaident en sa faveur et dont-il compte mettre à profit pour remettre sur les rails une transition en dérapage.
Ancien ministre de la réconciliation, il en a déjà fait montre de son efficacité et sa perspicacité dans la gestion des crises sociales sous le régime de feu Lansana Conté.
Travailleur chevronné et honnête, il est comme une « perle rare » pêchée du fond des eaux pour auréoler la transition. Qui, comme on peut s’en apercevoir est très mal en point.
Sage et juste, il constitue donc la dernière chance pour le CNRD qui devrait, à cet effet, tout mettre en œuvre pour lui faciliter la tâche et le permettant de travailler sans contrainte. C’est-à-dire, lui laisser le soin de piloter correctement son gouvernement avec les hommes et les femmes qu’il choisira. Cela pour une transition apaisée et réussie.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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