Démarré il y a plus d’un an, le procès du 28 septembre tend inexorablement vers son épilogue. Depuis lundi, le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry a amorcé la phase des confrontations, qui porte essentiellement sur des contradictions constatées dans les dépositions des accusés et des victimes.
Le bal est ouvert par la comparution de l’ancien président de la transition, Moussa Dadis Camara, qui a été confronté à son aide de camp d’alors Aboubacar Diakité alias « Toumba » et son neveu Marcel Guilavogui. Le débat fut très houleux entre Dadis et ses anciens collaborateurs qui n’ont pas hésité une seconde de le charger. Il lui fallut se battre bec et ongles pour se défendre. Mais cette partie n’était qu’une parenthèse.
La partie la plus intéressante jusque là dans cette phase de confrontation et qui a retenu de plus l’attention, est le passage du colonel Moussa Tiégboro Camara. L’ancien ministre chargé de la lutte anti-drogue et des crimes organisés est régulièrement appelé à la barre.
Sa première confrontation était avec Toumba et Marcel Guilavogui. Lors de ce premier face à face, la contradiction portait sur la présence ou non de Marcel à la clinique Ambroise Paré. En revenant sur cette partie de l’histoire du 28 septembre, Tiégbora affirme n’avoir « jamais vu Marcel » à la clinique comme le prétend ce dernier. Il soutient avoir plutôt vu le groupe de Toumba. Mieux, il affirme que la grenade avait été sorti par deux jeunes subalternes, qui l’avaient menacé avec.
Une version que Marcel va contredire en soutenant mordicus être celui qui avait brandi la grenade. Il indique que c’est suite à la trahison de Tiégboro qu’il a sorti la grenade et le menacer.
Après ce premier match dont seul la Cour a le secret de démêler le vrai du faux, Tiégboro est mis en confrontation, le surlendemain à Mouctar Bah. Là également, il a été question de la présence et du rôle joué par Tiégboro à l’esplanade le jour du drame.
Selon le journaliste et correspondant de RFI, ce jour « c’est quand Tiégboro a dit chargé que les tirs de gaz lacrymogène ont commencé ». Une accusation que l’officier nie et traite d’affabulation. Il jurera sur le palpitant n’avoir jamais prononcé une telle phrase satanique.
Après ce premier « rixe » de la journée, il fera aussi face aux accusations de « tortures et séquestration » de Me Thierno Souleymane Baldé et Mamadou Kaly Diallo activiste de la société civile. Malgré la persistance de ces derniers, Tiégboro ne reconnaitra pas les faits. Se montrant très volubile, il s’inscrira en faux contre les accusations formulées contre lui. « Ce sont des affabulations » rétorque-t-il à chaque fois pour nier les faits.
Visiblement animé par le syndrome de la négation, l’officier serait prêt à tout sauf reconnaitre une quelconque part de responsabilité dans ce dossier du 28 septembre 2009. Comme pour dire à la Cour, si vous comptez sur moi pour trouver le ou les coupables, vous avez tout faux. Car la seule chose que je sais, ce que je n’en sais rien de tout ce dont on m’accuse.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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