Bientôt sera établi le « certificat de décès » de certains partis politiques en Guinée. C’est du moins ce qui révèle les résultats provisoires d’évaluation de 122 partis politiques sur les 187 officiellement agrées par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD).
Un mois après le lancement de l’opération d’évaluation des partis politiques dans les 33 préfectures du pays, le MATD donne les premiers résultats obtenus. Sur le terrain, l’évaluation a porté principalement sur trois points. Il s’agit de « l’agrément », du « siège national » et du « compte bancaire » des partis politiques.
Selon les premiers résultats présentés par le département en charge des partis politiques, 122 partis ont été touchés.
Parlant d’agréments, la directrice en charge des partis politiques au MADT, indique que nombreux sont les partis qui ont changé de nom. « On dit que le parti s’appelle parti X, mais en réalité, il a changé de nom. Ou on nous dit que ça a été fait sur la base d’un congrès », révèle Mme Camara Zenab Touré. Sauf qu’à ce niveau aussi, renchérit-elle, la procédure n’a pas été respectée. Elle rappelle que « le congrès est constitué de l’ensemble des membres du comité de base, des fédérations, des sections, du bureau politique national, des bureaux régionaux, du comité central. » Or, s’indigne-t-elle, « quand vous regardez le procès-verbal de congrès, on ne voit aucune liste jointe au PV pour prouver que tous ces gens ont pris part au congrès. »
Pour ce qui est du « siège », l’enquête de terrain a révélé qu’il existe trois catégories. Au fait, 52% des partis ont pour siège le « salon » du domicile du président, d’autres ont comme siège une simple « annexe » et la troisième catégorie des partis a reçu les évaluateurs dans un « restaurant ».
Les évaluations ayant également porté sur le « compte bancaire » de chaque parti, là aussi les résultats laissent à désirer. Pour les révélés bancaires de 2021, 2022 et 2023 réclamés, seuls certains partis ont pu fournir les pièces. Par contre d’autres, la plupart, n’ont pu le faire, faute de compte bancaire. D’autres esprits malins ont présenté des comptes récents, c’est-à-dire, crées à la suite de l’annonce des évaluations par le ministère de tutelle.
Concernant l’implantation des partis, les évaluations ont montré que seuls 25% des partis politiques soit seulement 31 sur les 122 évalués sont effectivement implantés au niveau national. Par contre, 58%, soit 71 partis n’ont aucune implantation.
En outre, sur les 122 partis évalués, pour l’instant, 14 ont un congrès confus, 88 partis doivent aller en congrès.
Tous les partis qui ne sont pas en règle doivent l’être au risque de se voir suspendus. Ils n’auront qu’un délai de « 90 jours » pour se conformer. Au-delà de cette période, un dernier délai, dont la durée n’a pas été définie, mais qui sera certes plus court, sera accordé. Et si le ou les partis ne se conforment toujours pas, « c’est la dissolution », avertit Mme Zénab Touré.
Lors du lancement de cette évaluation, au mois de juin dernier, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, le général à la retraite, Ibrahima Kalil Condé, avait clairement indiqué que « la loi s’appliquera dans la rigueur. »
Plusieurs partis politiques crient déjà au scandale après la publication des résultats provisoires de l’évaluation, voyant derrière cette opération, des velléités pour rayer certains partis de l’échiquier politique national.
Sam Keita pour kibanyiguinee.info
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