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COME-BACK D’ANCIENS MINISTRES : MAMADI DOUMBOUYA, LE TISSERAND DU PALAIS QUI A DU MAL À SE DÉBARRASSER DE « L’ÉTOFFE » D’ALPHA CONDÉ

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Ils reviennent aux affaires. Plusieurs mois après leur éjection du Gouvernement, certains pour motif de « corruption », des anciens ministres font leur come-back dans les affaires publiques, cette fois, comme Ministres Conseillers à la Présidence de la République. Une institution en phase de devenir une sorte de « garage » ou de « refuge » pour des hauts commis de l’État, en attendant qu’on leur trouve un point de chute.

Le Guinéen a très tôt cru enterrer ces pratiques peu orthodoxes, incrustées au sommet de l’État. Des actes au relent politique politicien vécus sous l’ère Alpha, qu’on croyait désormais révolus à la prise du pouvoir par le CNRD. Le phénomène avait tellement pris de l’ampleur qu’on avait fini par surnommer la Présidence : le « garage des ministres. » Il consistait juste à récupérer certains Ministres du côté de la Présidence, après s’être débarrassé d’eux dans l’appareil Gouvernemental. Ce subterfuge évitait à Alpha d’avoir beaucoup d’anciens ministres frustrés sur le dos.

C’est ainsi qu’on s’est retrouvé, à l’époque, avec plusieurs hauts commis de l’État casés à la Présidence de la République. Et quand vous perdiez de vu un tel Ministre du côté du Gouvernement, il vous suffisait juste de cliquer sur la plateforme de la Présidence pour le retrouver. Enfin de compte, on s’est banalement retrouvé à Sékoutouréya avec un gouvernement bis. « Le vrai Gouvernement se trouve à la Présidence », ironisaient certains politiciens.

Une pratique qu’on croyait révolue après le dégagement d’Alpha par des « bidasses » qui disaient être là pour restaurer l’ordre. « Nous n’allons pas répéter les erreurs du passé », avaient-ils daigné promettre dans leur déclaration liminaire.

Cependant, « les habitudes ont la peau dure », aime-t-on souvent le dire en Guinée. Malheureusement, ceux qui le disent, n’ont pas tout-à-fait tort. Ceci, dans ce sens que tout porte à croire, que la situation n’a pas réellement évolué, comme si on faisait du sur-place.

Le Timonier du Palais tissant sa toile de « Refondation » avec la mauvaise étoffe, alors qu’il avait promis la main sur le cœur de ne plus la toucher.

Curieusement, trois ans après son avènement, nous voilà toujours à la case départ. Telle une photocopie de l’ancienne carte. On a encore l’impression d’être sous le règne du vieux. Voire pire que cette monarchie dont tout le monde avait fini par en avoir marre.

Parce que même si la locomotive Guinée a changé de conducteur, son itinéraire est resté le même. L’appareil roule à vive allure sans pour autant donner l’impression d’avancer.

C’est comme si la transition du palais Sékoutouréya au palais Mohamed V n’a jamais eu lieu. Au contraire, elle s’est enracinée davantage avec le système d’hier. En se transformant comme par le passé, en un refuge d’anciens Ministres du Gouvernement.

Et ce n’est pas l’ancien Ministre des Infrastructures et des Travaux Publics qui dira le contraire. Après avoir perdu son poste suite à la dissolution du Gouvernement Bernard Gomou, le 19 février dernier, Elhadj Mamadou Gando Barry, sera repêché le 3 mars pour être nommé Ministre Conseiller à la Présidence en charge des Infrastructures et des Transports. Six mois après [le 11 septembre], on le parachute à l’Energie comme Directeur Général de la société Electricité de Guinée (EDG).

En sortant de la Présidence, il cède sa place à son ancien patron, Yaya Sow. Lui, il fait partie de la première équipe gouvernementale du CNRD, pilotée par Mohamed Béavogui. On se rappelle surtout de lui à cause du scandale de corruption qui lui a coûté son poste le 17 novembre 2022. Accusé de « corruption présumée d’agents publics, prise illégale d’intérêts, violations des règles de passation des marchés publics », il est débarqué sans ménagement et conduit devant la CRIEF (Cour de répression des infrastructures économiques et financières).

Un an plus tard, il est blanchi par la chambre d’instruction de la Crief qui prononce « un non-lieu » en sa faveur. Le 12 septembre courant, il revient aux affaires comme Ministre Conseiller à la Présidence chargé des questions d’Infrastructures et de Transports.

Dans le même décret, on retrouve le nom de l’ancien Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures. Seydouba Soumah, qui est également repêché à la Présidence comme Ministre Conseiller en charge des questions énergétiques.

Ces nominations en cascade à la Présidence d’anciens ministres n’ont rien de nouveau. C’est du déjà vu sous l’ère du régime déchu. Mamadi Doumbouya est-il happé par le système de son ancien mentor ? Rien n’est moins sûr. En tout cas pour l’instant, pour tisser sa toile de « Refondation », le soldat semble tirer ces fils d’une vieille étoffe déjà utilisée par Alpha Condé.

Touraman Keita pour kibanyiguinee.info

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