En Guinée, la liberté de la presse est en danger. Au courant de la seule année 2024, il y a eu plus d’actes liberticides visant à bâillonner les médias privés qu’il y en a eu auparavant. Sept médias fermés dont trois définitivement, des dizaines de journalistes embastillés, d’autres kidnappés et portés disparus et plus d’un millier d’entre eux sacrifiés sur l’autel du chômage. Un record inédit d’abus d’autorité.
Dire qu’en Guinée la liberté de la presse est un vain mot n’est pas une exagération. C’est une expression monotonique qui a été vidée de tout son sens. L’imprescriptibilité de la liberté d’expression et celle de la presse n’est que de la poudre aux yeux afin de faire croire que le pays tient compte des principes de la démocratie.
Alors que les actes liberticides contre la presse en général et celle privée en particulier sont devenus récurrents. Les médias sont bâillonnés et les journalistes régulièrement persécutés. Plus rien ne garantit l’exercice normal de ce noble métier dans cette République bananière. Où la corruption a fini par gangrener tout le système et l’oppression érigée en règle pour faire taire les voix dissonantes.
Le peu d’acquis conquis à la suite d’énormes sacrifices consentis par les pionniers sont anéantis par des renégats qui ont pris le pays en otage. Des marchands d’illusions aveuglés par la boulimie du pouvoir, qui se sont déjà souillés les mains pour assouvir leurs désirs. S’exprimant uniquement à la première personne du singulier, « Je », ce sont des énergumènes qui ne supportent aucune critique.
Avec le retrait de leurs licences, plusieurs médias ont déjà été victimes des agissements de ces ennemis de la presse. En l’occurrence les Groupes Hadafa, Djoma et Fréquence qui ont été obligés de mettre leurs clés sous les paillassons depuis Mai 2024.
Récemment, ce sont quatre autres médias évoluant en province qui ont été brusquement fermées. Accusées d’émettre en toute illégalité en haute Guinée, les radios « Fraternité FM », « Badroudine FM », « Baraka FM » et « Bourré FM » ont été réduites au silence.
Quant aux journalistes téméraires, des escadrons du kidnapping sont mis à leur trousse. Tous leurs faits et gestes sont scrutés à la loupe. Une filature qui se termine généralement par un kidnapping, devenu le nouvel modus operandi du pouvoir.
Des hommes encagoulés en treillis, lourdement armés opèrent flagramment au vu et su de tout le monde. Les victimes sont enlevées nuitamment ou parfois en pleine journée, et portées disparues.
Un phénomène qui crée aujourd’hui la psychose au sein de la population qui ne sait plus où donner de la tête. Car plus personne ne se sent désormais à l’abri à cause de la terreur instaurée par le pouvoir de Conakry.
Parfois on a l’impression de suivre un film hollywoodien où des gens se font régulièrement enlever par des monstres. Comme la semaine dernière, lorsque le destin du journaliste Marouane Camara a croisé le chemin de ses ravisseurs. Qui l’ont kidnappé avant de disparaitre vers une destination inconnue. Depuis, l’administrateur du site [lerevelateur224] reste introuvable.
Avant lui, il y a eu plusieurs autres enlèvements similaires dont les victimes, activistes de la société civile et leaders politiques, sont portées disparues depuis des mois. Le pouvoir qui est indexé, en dépit des multiples pressions, reste silencieux face à cette dangereuse situation.
Se montrant très flexible au début, la junte militaire s’est complètement métamorphosée au fils du temps en laissant apparaitre son vrai visage.
La liberté de presse dont elle se faisait passer pour une fervente défenseuse, est en réalité son Talon d’Achille. Une épine sous ses pieds dont elle craint la force, et qu’il faut forcément écraser pour réaliser son fameux projet de confiscation de pouvoir.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info