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VIGILOR SECURITÉ

FAITS DE SOCIÉTÉ : L’ILRAJ CONDAMNE L’EXPULSION MASSIVE DE LÉONAIS PAR LA GUINÉE ET LES REPRÉSAILLES CONTRE LA COMMUNAUTÉ PEULH EN SIERRA LÉONE

Dans une déclaration publiée ce mardi 17 décembre, l’Institut pour la Recherche Juridique et la Promotion de la Justice (ILRAJ), un groupe de réflexion basé en Sierra Léone, a vivement condamné les récentes expulsions massives menées contre les ressortissants Sierra Léonais vivant en Guinée et la réplique des forces de sécurité léonaises qui s’en n’ont pris à la communauté peulh en guise de vengeance. Des évènements malheureux survenus entre deux pays frères et qui violent flagramment les conventions sous-régionales sur la libre circulation des personnes et de leurs biens au sein de la Communauté. Kibanyiguinee.info vous invite de lire ci-dessous l’intégralité de ladite déclaration.  

L’Institut pour la Recherche Juridique et la Promotion de la Justice (ILRAJ) condamne fermement l’expulsion massive récente de Sierra-Léonais par les autorités guinéennes et les représailles menées par les forces de sécurité sierra-léonaises contre des individus, principalement issus de la communauté ethnique Fullah. Ces actions violent non seulement les droits fondamentaux garantis par le droit international et régional, mais sapent également les valeurs constitutionnelles de la Sierra Leone.

Les expulsions effectuées par la Guinée et les représailles en Sierra Leone constituent une violation flagrante du Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes, de résidence et d’établissement. Ce cadre garantit le droit de circuler, de résider et de travailler librement dans les États membres. Les expulsions massives et le profilage ethnique contredisent ces principes fondamentaux et trahissent l’esprit de coopération régionale.

En outre, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), à laquelle les deux nations sont signataires, condamne explicitement les expulsions collectives et les punitions arbitraires. L’article 13 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) exige également des processus d’expulsion légaux et équitables, qui étaient manifestement absents dans ces événements.

L’Union du Fleuve Mano (UFM), créée en 1973 et rejointe par la Guinée en 1980, a pour objectif de promouvoir la croissance économique, le progrès social et l’épanouissement culturel entre ses États membres-[le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée ]- grâce à la collaboration et à l’assistance mutuelle. Les actions récentes de la Guinée et de la Sierra Léone sont en contradiction totale avec les objectifs de la l’MRU et menacent l’unité régionale et la coopération que cette Union s’efforce de préserver.

Le ciblage de groupes ethniques spécifiques, en particulier la communauté Fullah, compromet la vision partagée de paix, d’inclusion et de développement dans la sous-région.

L’ILRAJ est particulièrement alarmé par le fait que la réponse de la Sierra Léone ait visé de manière disproportionnée la communauté Fullah. Les rapports faisant état d’arrestations arbitraires, de détentions et de la classification des Fullahs comme « étrangers sans papiers » sont profondément troublants. De telles actions relèvent du profilage ethnique et violent les protections constitutionnelles de la Sierra Léone contre la discrimination et les arrestations arbitraires.

La communauté Fullah, qui fait partie intégrante du tissu social, économique et culturel de la Sierra Leone, ne doit pas être prise comme bouc émissaire. Les parallèles historiques avec des événements similaires dans les années 1970 rappellent douloureusement comment les divisions ethniques peuvent fracturer l’unité nationale.

ILRAJ exige les Actions Suivantes :

  • L’arrêt immédiat de tous les actes de harcèlement, de détention et d’expulsion fondés sur l’ethnie.
  • Le respect des obligations régionales et internationales, y compris le Protocole de la CEDEAO et la CADHP.
  • Une enquête complète et indépendante sur les circonstances entourant les expulsions et les représailles, afin de tenir responsables les fonctionnaires concernés.
  • Une réaffirmation publique des droits de tous les citoyens sierra-léonais, y compris la communauté Fullah, à vivre libres de toute discrimination et profilage ethnique.
  • Un dialogue diplomatique entre la Guinée et la Sierra Léone pour résoudre les causes sous-jacentes et éviter la répétition de tels événements.
  • Les actions observées ces derniers jours menacent gravement la paix et l’unité durement acquises par la Sierra Léone. ILRAJ appelle le gouvernement à donner la priorité à la justice et à l’inclusivité, en reconnaissant que tous les groupes ethniques -y compris la communauté Fullah- sont des acteurs égaux du progrès national.
  • La Sierra Leone doit agir selon les principes de l’État de droit, et non selon des représailles. Il est temps de guérir, de s’unir et de réaffirmer notre engagement envers la solidarité régionale et le respect de la loi.

À Propos d’ILRAJ

L’Institut pour la Recherche Juridique et la Promotion de la Justice (ILRAJ) est un groupe de réflexion indépendant et non partisan, dédié à la promotion des droits humains, de l’État de droit et de l’accès à la justice en Sierra Leone. ILRAJ œuvre pour renforcer la responsabilité, défendre les droits des femmes et des enfants, et promouvoir la justice pour les jeunes. Grâce à des recherches innovantes, des réformes politiques, des litiges et des actions de plaidoyer, ILRAJ défend les droits des individus, des communautés et des groupes défavorisés.