L’information est d’autant plus surprenante qu’elle n’est pas habituelle. En Guinée, il faut toujours attendre de voir, pour y croire. Surtout que la démission n’est pas guinéenne. C’est une exception à la normale.
Si ailleurs, c’est la chose la plus banale à faire, parce qu’on défend des valeurs, des idéaux et non des intérêts égoïstes, ce qui n’est pas le cas en Guinée.
Dans la culture du Guinéen, démissionner est un phénomène tabou. Un mystère dont seuls quelques rares personnes ont le courage de franchir. Ce sont des cadres de valeurs qu’on peut compter au bout des doigts, qui agissent par conviction et par amour à la patrie. Leur pourcentage étant trop faible. En chiffre, on peut les estimer à seulement un sur mille travailleurs (1/1000) dans toutes les catégories socioprofessionnelles.
La majorité des travailleurs préfèrent généralement s’accrocher à leur poste comme des sangsues. Adoptant une attitude immorale, ils sont prêts à saigner la République à leur seul profit. Et ils ne quittent jamais leur fonction de leur bon gré.
Insatiables et éhontés, ils empestent la malhonnêteté et l’ingratitude. Ce sont des véritables vampires économiques. Qui se nourrissent sans pudeur des pitances du contribuable, abusent de sa confiance en s’offrant avec insolence, une vie de bourgeois.
Par contre, ceux qui travaillent honnêtement en se mettant au service du peuple et de la nation sont très peu. Mais qu’on reconnait facilement par leur jalousie à préserver leur dignité. Ce sont des hommes de valeur qui posent des actes rarissimes, inspirant respect et considération.
Heureusement que de tels cadres existent encore dans le pays qui peuvent constituer de véritable rempart pour la construction d’une société normale.
C’est le cas du désormais ancien conseiller national, Me Mohamed Traoré qui a mis fin à ses fonctions de conseiller national en démissionnant ce lundi 13 janvier 2025.
Jusque-là conseiller national, l’ancien bâtonnier a décidé d’honorer sa parole en démissionnant. Un acte hautement symbolique qui ne peut être pris que des hommes de valeur. Des gens qui ont une certaine probité et qui sont respectueux des lois qui régissent notre société.
Sa démission du Conseil Nation de la Transition (CNT), constitue un signal fort qu’il envoie à ses collègues conseillers, qui sont désormais au nombre Quatre-Vingt (80). Mais qui continuent de siéger alors qu’ils savent que leur mandat a expiré depuis le 31 décembre 2024.
« Dans le cadre de ses activités le CNT, a adopté, en sa session plénière du 11 mai 2022, dans une très large majorité, un chronogramme de la transition d’une durée de Trente Six (36) mois, soit trois ans. », a rappelé Me Traoré dans sa lettre adressée au président de l’institution, tout en précisant que « ce délai est arrivé à expiration le 31 décembre 2024. »
Ce qui signifie logiquement que cet autre organe de transition qui fait office de parlement, en sa forme actuelle, n’est plus légitime ou légal aux yeux de la loi. Et qu’il devrait tout simplement rendre sa lettre de démission au président de la transition.
En décidant donc de quitter ses fonctions de conseiller, l’homme de droit donne le bon exemple. Il vient d’ouvrir le bal, reste à savoir si d’autres vont lui emboiter le pas.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info