Conakry, 30 avril 2025 – Dans son rapport annuel publié ce 29 avril, Amnesty International dresse un tableau sombre de la situation des droits humains en Guinée. L’organisation internationale dénonce une répression accrue de la dissidence, des violations graves des libertés fondamentales, ainsi que des cas de disparitions forcées et de conditions de détention alarmantes.
Selon le rapport édition 2025, l’interdiction des manifestations reste en vigueur depuis mai 2022, malgré des protestations croissantes. Les forces de sécurité sont pointées du doigt pour avoir usé d’une force excessive lors de plusieurs rassemblements, causant la mort d’au moins 47 manifestants depuis 2021. Des incidents tragiques ont notamment eu lieu en février et mars, avec la mort de jeunes manifestants, parfois mineurs.
Amnesty International souligne également la restriction de l’espace civique : coupures d’Internet, suspension de médias influents comme Espace FM ou Djoma TV, et répression d’organisations de la société civile. Les atteintes à la liberté d’expression se sont traduites par l’arrestation de journalistes, dont certains ont été brièvement détenus ou condamnés.
Le rapport revient aussi sur les disparitions forcées de figures de l’opposition, comme Omar Sylla et Mamadou Billo Bah, dont les familles restent sans nouvelles. Ces actes s’ajoutent à des conditions de détention jugées inhumaines, ayant provoqué plusieurs décès en cellule.
Par ailleurs, le document rappelle le jugement historique de huit hommes reconnus coupables de crimes contre l’humanité dans le cadre du massacre du 28 septembre 2009. Si cette avancée judiciaire est saluée, Amnesty insiste sur la nécessité de garantir vérité, justice et réparations pour les victimes.
Enfin, la situation des femmes reste préoccupante : les mutilations génitales féminines touchent encore 95 % des filles et femmes de 15 à 49 ans, et l’accès aux soins pour les victimes de violences sexuelles demeure insuffisant.
Ce rapport intervient dans un contexte de transition politique fragile, marqué par l’absence d’un retour à l’ordre constitutionnel promis pour 2024 et la levée récente des sanctions de la CEDEAO. Amnesty appelle les autorités guinéennes à respecter leurs engagements en matière de droits humains et à mettre fin à la répression.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info