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Bah Oury sur la situation des médias en Guinée : « Ceux qui étaient des observateurs avertis… savaient que ça allait venir »

En présidant le lancement officiel du Forum national sur l’avenir de la presse guinéenne, ce lundi 19 mai à Conakry, le Premier ministre guinéen, Bah Oury, était très attendu sur la situation des médias nationaux, notamment sur le cas des trois plus influents d’entre eux, fermés depuis belle lurette.

Lors de son discours d’ouverture, le chef du gouvernement n’a pas mâché ses mots. Bah Oury ne s’est pas offusqué outre mesure de cette situation. Bien au contraire, il a déclaré :

« Ceux qui étaient des observateurs avertis de l’évolution de la société guinéenne…savaient que ça allait venir. »

Faisant ainsi allusion aux trois médias fermés (Espace, Djoma, Fréquence Médias), ses propos ont laissé entendre une critique à peine voilée de l’attitude de certains patrons de presse, accusés d’avoir mal géré leurs empires médiatiques. Le Premier ministre a dénoncé la volonté de certains de monopoliser l’espace médiatique guinéen. Une époque qui, selon lui, est désormais révolue.

« On parlait de trois médias qui avaient été disqualifiés. Aujourd’hui, nous avons le bonheur de voir plusieurs autres médias présents sur Canal+. Nous voyons apparaître de nouveaux médiums bourgeonnants… », s’est-il réjoui.

Émergence de jeunes talents avec une nouvelle vision de la presse

Lors de cette rencontre, le Premier ministre s’est également félicité de l’émergence d’une nouvelle génération dans le paysage médiatique guinéen. Selon lui, l’arrivée de « jeunes talents » a permis de faire émerger une nouvelle vision de la presse, une vision qui incite les professionnels du secteur à revoir leur approche, en travaillant avec plus de clairvoyance et de responsabilité.

Pouvoir et presse : un divorce acté, reconnu par le PM

Il convient de rappeler que ce forum de trois jours sur l’avenir de la presse guinéenne se tient dans un contexte particulièrement tendu entre les autorités actuelles et les professionnels des médias.

La fermeture des trois principaux médias du pays en mai 2022 a provoqué la perte de centaines d’emplois et entraîné une profonde méfiance entre la presse privée et le pouvoir public. Conscient de cette réalité, Bah Oury a abordé le sujet avec une certaine subtilité.

« Un divorce reste un divorce », a-t-il lancé avec un sourire narquois, avant de reconnaître que cette fermeture a plongé de nombreux journalistes et techniciens dans la précarité, les privant de leur principale source de revenu. Surtout que ces derniers ayant fait les frais de cette fermeture, en souffrent terriblement aujourd’hui, et continuent encore de tirer le diable par la queue.

Les conclusions de ce forum, dont les travaux prendront fin ce mercredi, devraient permettre de dégager des pistes de solution pour apaiser les tensions et créer un climat propice à la promotion d’une presse libre, indépendante et responsable.

Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info