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Guinée / Disparition forcée de Foniké, Billo et Marouane : « Ça ne relève pas de ma compétence », dixit Ousmane Sonko en visite à Conakry

En tournée dans la sous-région, après des étapes au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a séjourné à Conakry les 1er et 2 mai 2025. Attendu sur le terrain des droits humains, notamment sur la disparition inquiétante des activistes Foniké Mengué, Billo Bah et du journaliste Marouane Camara, Sonko a esquivé le sujet. Lors d’une conférence de presse, il a fermement déclaré que cette affaire ne relevait pas de sa compétence, provoquant la déception des organisations de la société civile guinéenne et sénégalaise qui comptaient sur son intervention.

Le chef du gouvernement sénégalais vient ainsi de boucler son séjour officiel en Guinée. Durant les deux jours passés à Conakry, la question sensible des disparitions forcées n’aurait pas été abordée avec les autorités guinéennes. Pourtant, en amont de son voyage, il avait été interpellé par des organisations de la société civile guinéenne et sénégalaise. Mais Ousmane Sonko a manifestement choisi d’ignorer ces sollicitations, préférant concentrer son attention sur les enjeux économiques.

« Je suis venu ici pour une tournée économique », a-t-il réagi, interrogé à ce sujet par un journaliste. Face à cette question brûlante, le chef du gouvernement a préféré botter en touche, estimant qu’il ne lui revenait pas de s’immiscer dans les affaires internes d’un autre État. Il a ainsi laissé entendre que les problèmes internes de la Guinée doivent être réglés exclusivement par les Guinéens eux-mêmes.

« Quel que soit le niveau de fraternité et d’amitié qu’il y a, les États ont leur réalité interne, qu’il faut respecter », a-t-il déclaré, avant d’établir un parallèle avec la situation actuelle au Sénégal : « Aujourd’hui, il y a des gens qui sont arrêtés au Sénégal pour différents délits, que certains qualifient de délits politiques. Mais ce n’est pas aux autorités guinéennes de venir nous dire ce que nous devons faire. »

Ousmane Sonko affirme avoir volontairement choisi la réserve, par respect, et refuse de « dicter » ses vues aux autorités guinéennes.

« Si mes relations amicales et fraternelles me le permettent, et si je devais en parler, ce serait discrètement, de manière amicale. Mais je ne viendrai pas ici, en conférence de presse, pour dire que j’ai dit ceci ou fait cela… J’ai suffisamment d’expérience politique pour ne pas me livrer à ce genre de déclarations. Cela ne relève pas de ma compétence », a-t-il martelé, suscitant la déception des organisations de la société civile, qui espéraient qu’il use de son influence auprès du président de la transition guinéenne.

Selon lui, la priorité actuelle dans les États de la sous-région devrait être « la gestion sécuritaire », un enjeu crucial auquel de nombreux pays sont déjà confrontés.

Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info