Alors que la fête de la Tabaski a été célébrée ce vendredi 6 juin, les autorités guinéennes ont décrété les lundi 9 et mardi 10 juin fériés, chômés et payés. Une décision du ministère du Travail annoncée comme « exceptionnelle », mais qui défie la loi.
Le Code du travail ne prévoit qu’un jour de récupération (le lundi) pour les fêtes tombant pendant le week-end, et uniquement pour trois fêtes spécifiques. Il n’autorise pas un mardi férié supplémentaire.
Selon l’article 2 du décret D/2022/0526/PRG/CNRD/SGG modifiant le décret D/250/PRG/SGG du 1er août 1995 concernant les fêtes légales chômées et payées en République de Guinée, seules la fêtes de « l’indépendance, de nouvel an et de l’Aïd El Fitr », sont concernées par cette mesure. C’est-à-dire si l’une de ces trois fêtes coïncide à un jour non ouvrable, le prochain jour ouvrable est déclaré férié, chômé et payé dans les secteurs public, privé et mixte sur l’ensemble du territoire national.
Pourquoi alors déclarer les journées du lundi et mardi fériées ? Aucun fondement légal ne le justifie, et encore moins la situation socio-économique actuelle.
Selon la Banque mondiale, 51,9 % des Guinéens vivent avec moins de 3,65 dollars par jour. L’économie reste fragile, dominée à 42 % par le secteur informel, avec un chômage massif. Dans ce contexte, chaque jour de travail est crucial.
Prolonger le congé de deux jours de plus représente une charge inutile pour l’État et les entreprises, tout en envoyant un message laxiste : le repos vaut davantage que la productivité.
Pourtant, si la Guinée aspire au développement, elle ne peut se permettre le luxe de sacrifier le travail sur l’autel du confort administratif.
À force de multiplier les jours fériés sans justification solide, l’État alimente un cycle de dépendance et d’inefficacité. Il est temps de replacer la culture du travail au centre des priorités nationales.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info