Incarcération de l’activiste Foniké Menguè: Un observatoire international de défense des droits humains demande sa libération
Pour l’Observatoire, partenariat de la FIDH et l’OMCT, la détention d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè est arbitraire et elle ne ” vise qu’à sanctionner ses activités légitimes de défense des droits humains ainsi que l’exercice de sa liberté d’expression“. Ces deux organisations appellent les autorités guinéennes à procéder à sa libération immédiate et inconditionnelles, et à mettre un terme à tout acte de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à son encontre ainsi qu’à celle de l’ensemble des défenseurs des droits humains dans le pays.
Ci-dessous communiqué :
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en République de Guinée.
Description de la situation
L’Observatoire a été informé de sources fiables de l’arrestation arbitraire de M.Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, coordinateur national adjoint de Tournons la Page – Guinée et responsable de la mobilisation et des antennes du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
Selon les informations reçues, le 17 avril 2020, en début d’après-midi, des agents de police ont arrêté M. Oumar Sylla à son domicile de Commandanya, dans la banlieue de Conakry. Il a été conduit à la Villa 40, le siège des Renseignements généraux guinéens à Conakry, où il a passé la nuit, sans accès à un avocat ni à sa famille.
L’arrestation de M. Oumar Sylla est survenue une heure après son passage dans l’émission « Les Grandes Gueules » sur la radio Espace FM où il a dénoncé les violences de N’zérékoré [3] qui ont fait de nombreux morts et blessés, et les arrestations arbitraires et le harcèlement judiciaire à l’encontre des leaders et membres du FNDC.
Le 18 avril 2020, M. Oumar Sylla a été transféré par la Brigade de répression du banditisme (BRB) à la Direction centrale de la police judiciaire, toujours sans accès à son avocat. Il y a reçu une visite de son épouse, venue lui apporter de la nourriture, et qui rapporte qu’Oumar Sylla n’avait reçu à manger que des pommes en plus de 24 heures de détention. A l’heure de publication de cet appel urgent, M. Sylla n’avait toujours pas été transféré au Parquet et les éventuelles accusations pesant à son encontre n’étaient pas connues.
L’Observatoire rappelle que de nombreux membres du FNDC font, depuis avril 2019, l’objet de menaces, d’arrestations arbitraires et de harcèlement judiciaire en raison de leur protestation pacifique contre la réforme constitutionnelle, adoptée lors des élections législatives et référendaires de mars 2020, qui permettrait au Président Alpha Condé de se présenter pour un troisième mandat présidentiel consécutif en 2020. Parmi eux, MM. Abdourahamane Sanoh, Ibrahima Diallo, Sékou Koudouno, Mamadou Baïlo Barry, Alpha Soumah, Abdoulaye Oumou Sow et Mamadou Bobo Bah.
L’Observatoire dénonce la détention arbitraire à l’encontre de M. Oumar Sylla, qui ne semble viser qu’à sanctionner ses activités légitimes de défense des droits humains ainsi que l’exercice de sa liberté d’expression. L’Observatoire appelle les autorités guinéennes à procéder à sa libération immédiate et inconditionnelles, et à mettre un terme à tout acte de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à son encontre ainsi qu’à celle de l’ensemble des défenseurs des droits humains dans le pays.
Actions requises
L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités guinéennes en leur demandant de :
- Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et le bien-être psychologique de M. Oumar Sylla et de l’ensemble des défenseurs des droits humains en République de Guinée ;
- Procéder à la libération immédiate et inconditionnelle M. Oumar Sylla et de l’ensemble des défenseurs des droits humains arbitrairement détenus en République de Guinée ;
3. Garantir à M. Oumar Sylla un accès immédiat et inconditionnel à un avocat de son choix ;
4. Mettre un terme à toute forme de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à l’encontre de M. Oumar Sylla et de l’ensemble des défenseurs des droits humains en République de Guinée ;
5. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement aux articles 1 et 12.2 ;
6. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la République de Guinée.
Kibanyiguinee.info
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