Pour une fois dans l’histoire récente du pays, les guinéens pourraient assister au procès d’anciens dignitaires de l’Etat pour des faits de crime économique. En créant la Cour de Répression des Infractions économiques et Financières (CRIEF), la junte militaire au pouvoir depuis seulement trois mois, veut s’attaquer à l’origine des maux qui gangrènent l’administration guinéenne depuis des décennies. A savoir, la corruption, le détournement de deniers publics, la gabegie financière etc. La mise en place d’une structure judiciaire pour tirer au clair l’ancienne gestion et moraliser l’administration, est diversement appréciée par les acteurs politiques guinéens.
C’est le cas du président du PADES, qui n’hésite pas de féliciter le CNRD pour cette très belle initiative. Pour Dr Ousmane Kaba, le CNRD a « bien fait de mettre un juge financier » en place. L’arsenal judiciaire étant au complet, il estime que le travail revient désormais à ceux qui font les investigations pour documenter les infractions trouvées et ceux qui sont chargés de les juger. Concernant ces derniers, Dr Kaba pense qu’on a surtout besoin de « juges spécialisés non seulement pour la célérité mais aussi pour l’efficacité du jugement »
Pour le président du BL, la création du CRIEF est « un pas très positif et dans la bonne direction ». A en croire Dr Faya Milimono, si la Guinée est aujourd’hui en retard, c’est à cause de l’« impunité qui était devenue endémique ». Et l’Etat n’avait encore jusque-là jamais agi pour corriger cette situation.
Le juriste Mohamed Camara, lui, préfère rester prudent. Pour l’ancien chef de cabinet du ministère des affaires étrangères, « c’est une bonne chose de renforcer les dispositifs judiciaires en la matière ». Cependant, fera-t-il remarquer, « le fait d’avoir une juridiction, c’est une bonne chose mais, l’application des décisions de justice en est une autre ».
Sidfa Keita pour kibanyiguinee.info
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