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Ismaël Condé de l’UFDG opposé aux manifs parle : « nos militants se sentent perdu aujourd’hui avec le choix du parti »

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Un membre du bureau exécutif de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), le principal parti politique dirigé par Cellou Dalein Diallo ne semble pas partager le choix de son président qui appelle à la manifestation. Ismaël Condé s’oppose ouvertement à cette stratégie qu’il qualifie improductive. En revanche, il invite son leader de saisir la main tendue des autorités militaires et d’être autour à la table de négociation.

En s’exprimant ce matin 10 mai 2023 dans une émission de grande écoute, le maire de Matam n’est pas allé du dos de la cuillère pour donner son avis sur le mot d’ordre de manifestation lancé par les forces vives de Guinée (FVG) dont son parti politique est partie intégrante. Après voir entériné l’interdiction de manifester du gouvernement, dans sa juridiction (c’est d’ailleurs le cas dans toutes les communes de Conakry), cet élu local, transfuge politique a fustigé les manifestations en cours. Selon lui, les manifestations sont organisées depuis 2010 sans que cela ne puisse avoir un résultat productif.

Mieux, pour Ismaël Condé, le parti n’est pas une « religion » où il faut impérativement prendre les déclarations du président comme parole d’évangile.  « Le président peut demander de manifester mais ce ne sont pas tous les militants qui peuvent être d’accord (…). Chacun est libre de donner son opinion », fera-t-il remarquer.

Au vu de la situation dans certains bastions du parti, considérés comme la chasse gardée de l’UFDG, notamment à « Labé, Dalaba, Pita, où les gens ne sont pas entrains de manifester », cela dénote la liberté d’opinion qui existe au sein du parti souligne-t-il.

En tout cas pour cet élu local, si la manifestation était la solution, l’UFDG allait prendre le pouvoir en 2010. Mais, soulignera-t-il, durant la dernière décennie, le parti a enregistré plus de victimes que tous les autres partis réunis. A l’en croire, l’UFDG a perdu au bas mot, 400 manifestants (nombre à vérifier), tous sont aujourd’hui six pieds sous terre et enregistré des centaines de blessées qui sont handicapés à vie.

Eut égard à tout cela, M.Condé estime qu’il est temps pour son parti de se « remettre en cause » en se posant la bonne question. Est-ce que les manifestations ont toujours été la solution ?

L’homme pense qu’il faut changer de stratégie en privilégiant la négociation. « Il faut qu’on soit à la table de négociation », dira-t-il. Avant d’inviter les politiques à « mettre la pression sur le CNRD pour que les 10 étapes du chronogramme puissent être réalisés (…) ». Car pour lui, vouloir « refuser » d’aller à la table de négociation sous prétexte qu’il faut d’abord satisfaire des préalables, alors que nous avons déjà consommé 5 mois sur les 24 du chronogramme de la transition, est une perte de temps qui pourrait être un piège demain.

A la question de savoir s’il ne risquait pas d’être exclu à cause de ses propos qui vont totalement à l’encontre de la position du parti, le jeune loup aux dents acérées semble serein.

L’on se souvient que pour avoir tenu des propos qui sont contraires à la position du parti, certains membres du parti ont appris à leur dépens. Ils ont été purement et simplement été exclus. Les cas des vice-présidents Bah Oury et Ousmane Gaoual Diallo sont les plus illustratifs. Ismaël Condé subira-t-il le même sort ? Les jours à venir nous édifiera davantage.

Sidafa Keita pour Kibanyiguinee.info.

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