Troubles sociopolitiques, zizanie au sein de l’armée : la junte militaire guinéenne mise à rude épreuve
Depuis son évènement au pouvoir, il y a 20 mois, à travers un coup d’Etat perpétré contre le régime d’Alpha Condé, la junte militaire guinéenne n’a jamais été aussi fébrile qu’elle ne l’est aujourd’hui. Tous les voyants sont actuellement au rouge. Le pays est empêtré dans une crise socio-politique instable, le tout couronnée par une certaine zizanie au sein de la grande muette. Une situation qui met le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) et son président à rude épreuve.
Le navire de la transition guinéenne est en train de prendre de l’eau. Le capitaine de bord naviguerait-il à vue en mettant la vie des passagers en danger ? C’est une question qui taraude désormais l’esprit de bon nombre d’observateurs. Cela à cause des évènements successifs survenus ces derniers temps, auxquels font face les guinéens et qui suscitent beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes. C’est du moins le constat actuel sur le terrain.
Le dialogue de dupe entre le gouvernent et les forces vives de Guinée a fini par plonger le pays dans une crise inouïe. Après plusieurs mois de négociations sous la médiation des prélats, les deux parties n’ont pas trouvé mieux que d’en découdre.
Ainsi, l’appel à manifester lancé par les forces vives de Guinée a été suivi par une frange importante de la population à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur. Cette série de manifs lancée à partir du 10 mai, a connu de violents accrochages entre forces de l’ordre et manifestants qui se sont affrontés à coups de gaz lacrymogènes et de pierres. Transformant ces foyers de tension en des véritables zones de guérillas urbaines. Les zones comme Hamdallaye, Bambeto, Cosa, Wannindara, Sonfonia, situées dans la commune de Ratoma qui constitue le principal grenier politique de l’UFDG sont très connues pour leurs violences.
Malgré un important dispositif sécuritaire déployé dans ces zones, les manifestants continuent de régner en maitre absolu. Des barrages sont érigés çà et là et des pneus brûlés sur la chaussée d’où on voit s’échapper de loin une colonne de fumée.
Dépassé par ses évènements, le gouvernement a fini par accéder à une des exigences des forces vives de Guinée en libérant les trois activistes du FNDC, Foniké Mengué, Ibrahima Diallo et Billo Bah. Une action des autorités qui se révèlera tardive puisqu’elle n’a pu faire baisser les tensions.
Tout comme dans les précédentes, au cours de cette manif, du sang a encore coulé. Plusieurs guinéens sont une fois de plus tombés sous le coup des balles des forces de défense et de sécurité. D’après les FVG, le bilan est lourd. Car rien que pour la journée du mardi, on dénombre 7 morts, 32 blessés et une cinquantaine d’interpellations. Il a fallu donc payer ce lourd tribut avant que le gouvernement ne lâche du lest.
Et comme si cela ne suffisait pas, les guinéens vivent aujourd’hui dans une incertitude totale à cause de la zizanie au sein de la grande muette. Car depuis la fameuse sortie au mois d’avril dernier, du féticheur Mofa Sory Dounoh qui a prédi la chute de la junte dans un mois environ, plusieurs évènements se sont succédé au sein de l’armée et des actes posés par le colonel Mamadi Doumbouya.
Le vol d’armes au Centre d’entrainement aux opérations de maintien de la paix (CEOMP) au camp de Somoreya de Kindia, ville située à 135 km de la capitale, les rumeurs sur les brouilles entre le chef d’Etat major général des armées et la hiérarchie militaire sont entre autres évènements ayant attiré l’attention des citoyens.
S’agissant des actes, on peut citer les limogeages du directeur général du renseignement militaire et celui du commandant du Centre d’entrainement aux opérations de maintien de la paix (CEOMP), la dissolution du BSP (Bataillon de la garde présidentielle) et du BIR (Bataillon d’intervention rapide) de Soronkoni, l’affectation du camp de Soronkoni au GFIR (Groupement des forces d’intervention rapide), le limogeage du chef d’Etat major général des armées, le général Sadiba Koulibaly pourtant, perçu jusque-là comme étant le numéro 2 du CNRD.
Cela relève-t-il du hasard ou de simples coïncidences ? L’un dans l’autre, la junte militaire guinéenne est mise à rude épreuve. wait and see.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info.
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