FACE AUX RETICENCES DE LA GUINEE, DU BURKINA, DU MALI ET DE LA MAURITANIE, LA CEDEAO VA-T-ELLE FRANCHIR LE RUBICON ?
Rebondissement dans l’évolution de la situation au Niger. Les mesures de sanctions envisagées et les menaces brandies par le président Bola Ahmed TINUBU et ses pairs de la CEDEAO, irritent la colère des gouvernements de transition du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée.
Pour les autorités de transitions de Bamako, d’Ouagadougou et de Conakry, il n’est pas question d’appliquer une quelconque sanction contre le peuple nigérien et les nouvelles autorités du pays.
Mieux, tout en marquant leur solidarité au CNSP (Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie), qui a pris le contrôle du pouvoir depuis le 26 juillet, elles affirment leur opposition farouche à toute intervention militaire dans ce pays frère.
Dans un communiqué conjoint, le Mali et le Burkina Faso soulignent que toute intervention militaire s’assimilerait à une déclaration de guerre contre Bamako et Ouagadougou. Mais aussi cela entrainerait de facto un retrait de leur pays de la CEDEAO. Ces trois pays en transition militaire qualifient les sanctions de la CEDEAO d’« illégales, illégitimes et inhumaines » que le peuple nigérien ne mérite de subir.
C’est le même refrain du côté de la Mauritanie qui constitue un voisin stratégique du Niger. Dans un communiqué officiel, Nouakchott s’oppose à toute ingérence étrangère, notamment de l’Union Européenne (UE). Elle prévient que toute intervention militaire de l’UE sera perçue comme une déclaration de guerre.
La CEDEAO entre le marteau et l’enclume
Face aux réticences de ces pays qui se désolidarisent d’elle, la CEDEAO va-t-elle mettre son plan en exécution ?
L’organisation sous régionale a du pain sur la planche. Après la sortie imprévue des chefs de junte du Mali, Burkina Faso et de la Guinée pour désapprouver son attitude et exprimer leur soutien indéfectible à leur homologue du Niger, en foulant au sol les résolutions du Sommets extraordinaire du 30 juillet à Abuja, la CEDEAO se retrouve entre le marteau et l’enclume. Car en maintenant sa position qui consiste à déloger coute que coute le général Tchiani pour rétablir Bazoum, le risque d’embrasement de la situation devint important. Dans la mesure où, les trois (3) pays membres (ndlr, la Mauritanie s’étant retirée depuis 1999) pourraient se retirer de l’organisation qui ne comptera en ce moment plus que 12 pays membres.
Et vouloir aussi refroidir ses ardeurs suite aux menaces cette fois de ‘’pays rebelles’’ à ses yeux, la CEDEAO risque encore plus gros. Celui de perdre totalement la face en perdant son honneur. C’est-à-dire toute crédibilité. Alors que cette situation est plutôt une aubaine pour elle de redorer son blason. Mais osera-t-elle franchir le Rubicon ? L’avenir nous en dira plus.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
Tél : 622 20 95 90
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