Procès du 28 septembre 2009 : « La Guinée est un pays de violence endémique », dixit Amadou Diallo ancien correspondant de BBC en Guinée
Le journaliste guinéen Amadou Diallo était ce mardi 17 octobre à la barre pour donner sa part de vérité sur les évènements douloureux du 28 septembre 2009 au stade du même nom. Pour ce correspond, à l’époque, de la radio BBC Afrique, « la Guinée est un pays de violence endémique. »
Face au juge du tribunal pénal de Dixinn délocalisé à la cour d’Appel de Conakry, l’ancien correspondant de BBC en Guinée est revenu sur sa mésaventure vécue le 28 septembre 2009. Un jour devenu tristement célèbre à cause du massacre qu’il y a eu lieu, lors duquel 157 personnes ont perdu la vie, selon l’ONU. Sans oublier les centaines de filles et femmes violentées et violées.
Ce miraculeux de cette tragédie inouïe jamais enregistrée en Guinée, témoin oculaire de beaucoup d’évènements majeurs dans le pays, se dit être encore marqué par la violence et la barbarie qui ont caractérisé les évènements de ce jour.
Lors de son témoignage à la barre, M.Diallo dit se souvenir d’avoir couvert et vécu plusieurs évènements dans sa longue carrière de journaliste débuté en 1986. Selon ce reporter aguerri, le massacre du 28 septembre 2009 est de loin le pire des évènements qu’il a couverts durant toute sa carrière.
« J’ai couvert le procès de gangs, des mutineries, le procès d’Alpha Condé, je me suis retrouvé nez à nez avec les rebelles de Charles Taylor, j’ai vu des refugiés envahir la Guinée », explique-t-il, avant de souligner : « mais ce que j’ai vu lors des évènements du 28 septembre 2009, je ne l’avais jamais vus auparavant. »
Pour M.Diallo, les guinéens n’avaient pas besoin de cette « violence aveugle.» Surtout que la manifestation organisée par les forces vives pouvait se tenir ce jour sans qu’il n’y ait le moindre incident. Malheureusement, affirme-t-il avec regret : « La Guinée est un pays de violence endémique »
Présent ce jour au stade, le reporter Amadou Diallo subira le courroux de militaires déchainés contre des civils inoffensifs. Il aura la vie sauve grâce à l’intervention d’un bidasse de la garde prétorienne qui le reconnaitra.
Mais son calvaire prendra de l’ampleur dès le lendemain lorsque son reportage est diffusé dans la matinale de la BBC, dans lequel il décrivait les évènements de la veille. Depuis, il devient la cible des militaires qui le traqueront sans relâche. Après un mois de cache-cache avec les autorités d’alors, il réussira à s’exfiltrer avec sa famille pour le Sénégal. Où il restera 10 ans avant de retourner au bercail.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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