GUINEE : UN FILS A LA TÊTE D’UN COMMANDO FAIT EVADER SON PERE DE PRISON ET DEFI L’UNITE D’ELITE DE L’ARMEE
Dans la nuit du 3 au 4 novembre, les habitants du centre ville de Kaloum, siège de l’administration guinéenne sont réveillés par le bruit assourdissant d’armes automatiques. La maison centrale de Coronrhie qui est la prison la plus sécurisée du pays, située à quelques encablures de la Présidence de la République vient d’être attaquée par un commando de six (6) hommes lourdement armé. Conduit par un ancien sergent l’armée, Verny Pivi, ledit commando avait une mission unique : l’exfiltration du père de Verny, en l’occurrence l’ancien ministre chargé de la sécurité présidentielle, le colonel Jean Claude Pivi, détenu pour ses liens présumés avec les évènements du 28 septembre 2009 et actuellement dans le box des accusés avec d’autres co-accusés.
C’est une opération digne d’un film hollywoodien. Comme celui de ‘’Rambo 2’’ où John avait pour mission d’exfiltrer des prisonniers américains détenus dans la jungle vietnamienne. Chose qu’il accomplira dans un bain de sang et de dégâts matériels importants.
A l’instar de ce film, le commando de Conakry réussira lui aussi sa mission. En plus de la principale cible, Claude Pivi, il exfiltrera trois autres détenus également en lien avec les évènements de 2009. A savoir, l’ancien président de la transition de 2009 le capitaine Moussa Dadis Camara et les colonels Moussa Tiégboro Camara et Blaise Gomou respectivement ancien ministre chargé de lutte contre la drogue et des crimes organisés et procureur de la justice militaire.
Mais même si ce trio d’officiers a été finalement rattrapé par les forces de défense et de sécurité dans la matinée du samedi puis ramené en prison, cela n’a rien à avoir avec une quelconque prouesse de l’armée, loin s’en faut. Le coup de filet rapide a réussi grâce à la volonté des fugitifs eux-mêmes de revenir et la collaboration de leurs avocats. Sans occulter le fait que le commando avait aussi bien planifié ce scenario afin de brouiller les pistes.
Car le principal objectif qui était le colonel Jean Claude Pivi court toujours. Quatre jours après son évasion, il est toujours sans trace. Les unités d’élites de l’armée mises à contribution pour les recherches ne parviennent pas encore à le localiser à plus forte raison mettre main sur lui. L’opération chasse à l’homme a du mal à produire de résultat probant, pour l’instant.
Comment en sommes nous arrivés à ce niveau d’insécurité grandissante ? Pourquoi une telle faille dans le système sécuritaire du pays ? La transition est-elle en danger ? Qu’a-t-on montré réellement au peuple le 2 octobre dernier ? Le pays est-il aussi fragile que ça ?
Ce sont là plusieurs questions qui se bousculent dans l’esprit des guinéens. Leur état d’esprit est très affecté et cet état de fait est même aggravé par l’incapacité notoire des forces spéciales à retrouver le fugitif et ses complices.
L’opération a permis de mettre à nue une grosse faille dans le système sécuritaire du pays. La facilité avec laquelle elle est menée par un petit groupe de soldats au nez à la barbe de toutes ces unités d’élites de l’armée, notamment les forces spéciales et le BATA (Bataillon autonome des troupes aéroportées), laisse pantois plus d’un observateurs.
Surtout que le cerveau de cette opération avait prévenu avant de passer à l’acte. L’on se souvient qu’en janvier 2023, des sources médiatiques avaient révélé le projet satanique du jeune soldat. Depuis la ville de N’Zérékoré dans le sud du pays, située à près de 1000 km de la capitale Conakry, Verny Pivi avait vivement révélé ses intensions de faire libérer son père.
Il sera pris pour un simple « délinquant » en perte de repère. L’Etat banalise alors ses déclarations et reste sans amorphe. Il n’entreprend aucune disposition sérieuse pour écarter la menace.
Et voilà que dix mois après, le soldat fidèle à sa parole passe à l’acte et prend tout un pays par surprise. A la tête d’un petit groupe il se joue du système de sécurité de toute une nation et passe entre les mailles du filet.
Comment est-ce possible ? L’Etat est-il devenu aussi vulnérable jusqu’à ce point ? Où sont passés les services de renseignements spéciaux de l’armée, de la gendarmerie et de la police ?
Le peuple a droit de connaitre la vérité. Surtout que les premières mesures prises par le premier responsable du pays pour radier plusieurs fonctionnaires militaires civils qu’on soupçonne être en lien avec cette attaque, ne sont guère rassurantes.
Cela dénote plutôt une certaine panique qui s’emparerait du chef de la transition guinéenne qui agirait sous le coup de l’humeur. Alors que les décisions prises sous le coup de la colère sont généralement déconseillés. Puisque derrière de tels actes, il y a toujours du regret.
D’ailleurs aujourd’hui, la précarité de la situation a provoqué la psychose chez bon nombre de guinéens. Qui ne cachent plus leur inquiétude. « La république est fragile », a alerté un leader politique qui précisera en même temps que « nous sommes sur une corde raide et il suffit que ça balance d’un côté pour que tout chavire »
Un scenario qu’aucun guinéen épris de paix ne souhaite voir se réaliser. Cependant, à cette allure les mêmes guinéens ne sont plus sûrs de rien.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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