Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme ne dormirait plus tranquille sous ses lauriers depuis la récente évasion spectaculaire de la maison centrale de Coronthie. Alors qu’il était en voyage sanitaire à l’étranger au moment des faits, Alphonse Charles Wright a depuis, précipitamment regagné Conakry.
L’attaque de la maison centrale de Coronthie le week-end dernier par un commando lourdement armé a sorti le garde des sceaux de son lit de malade et précipité son retour au pays. Mais déjà depuis l’étranger, le ministre Charles Wright a pris les devants. Cela dans l’unique but de faire croire à l’opinion qu’il a le contrôle de la situation. Il se sert alors de la presse pour créer subtilement un centre d’intérêt autour de sa personne en donnant l’impression de gérer depuis l’étranger la situation.
C’est ainsi qu’il profite pour « demander au procureur de requérir les forces de défense et de sécurité à tous les niveaux pour pouvoir rechercher ces personnes (les fugitifs) et les conduire à la maison centrale conformément à la procédure.»
Lors de cette sortie, il indique que « rien ne doit être minimisé pour les questions de sécurité intérieure » et invite tout le monde à mettre « la balle à terre » avant de banaliser la situation en confiant que «ce cas est-un (simple) cas d’évasion ».
En atterrissant à l’aéroport AST de Conakry, le mardi 7 novembre, c’est-à-dire 3 jours après l’évènement, le garde des sceaux, toujours dans son malicieux jeu de faire croire qu’il a la maitrise de la situation, se rend directement à la maison centrale. Une fois sur les lieux, il se livre à un spectacle inédit. Il déverse toute sa bile de colère sur les gardes pénitentiaires. Il les tance proprement. Le spectacle est digne d’un sketch théâtral. Il gronde ses collaborateurs comme un chef de famille qui gronderait ses enfants.
« Quand je ne suis pas au pays on pagaille. C’est normal ça ? Qu’est ce que je vous ai dit à propos des téléphones ? Pivi couche avec 5 téléphones portables… Des téléphones passent ici comme si nous étions au marché», fulmine-t-il. Puis de marteler : « vos éléments d’agissement me prouvent à suffisance que je ne peux plus avoir confiance en vous. C’est fini…Le pacte de confiance là, c’est terminé entre nous »
En se livrant à un tel spectacle scénique, le ministre donne l’impression d’être surpris et dépassé par ce qui se passe à la maison centrale. Mais en réalité, cela n’est rien d’autre qu’une ruse, une fuite en avant pour un ministre qui se rend compte des responsabilités qui pourraient être les siennes. Surtout qu’aurait été sous d’autres cieux, Charles Wright sait pertinemment qu’il risque gros dans cette affaire rocambolesque. Car en tant que premier responsable du département, il allait s’expliquer. Et le premier acte qu’il était censé poser, pour être tranquille avec sa propre conscience, c’est de démissionner. Mais bon. Son attitude ne surprend guère. En Guinée, le mot démission n’existe pas dans le lexique français. Pendant ce temps, ce sont les menus fretins qui paient les conséquences.
Sinon, l’attaque de la maison centrale n’a rien de surprenant. Puisque l’opération a été planifiée au vu et su de tout le monde. Le ministre lui-même le reconnait tacitement à travers ses aveux d’impuissants face à ses collaborateurs pénitenciers. Mais également, en jetant un regard derrière, l’on se rend compte que tous les ingrédients étaient réunis pour que cela arrive.
En mai 2022, alors qu’il était encore procureur général, le bouillant magistrat initié une fouille systématique à la maison centrale qui permis la saisie de téléphones et plusieurs armes blanches. En août de la même année, plusieurs téléphones et leurs chargeurs sont de nouveau saisis à la même maison centrale. Mais rien ne sera fait pour endiguer le problème.
Devenu ministre, il dispose désormais de tous les pouvoirs régaliens pour rectifier le tire. Bizarrement au lieu que cela ne soit fait, c’est la situation qui s’empire.
Puisqu’en juin 2023, nous assistons à une première évasion. Le braqueur Belgo-marocain Ibrahim Akhal, recherché par Interpol, réussi à s’évader de la maison centrale après y avoir passé six 6 mois de détention. Ce qui n’était pas surprenant, parce qu’aux dires du ministre lui-même, ce dernier, contrairement aux autres détenus en cellule, dormirait dans le bureau du chef infirmier.
Dans le même mois de juin, des assaillants en treillis lourdement armés attaquent la prison civile de Coyah, ville située à 50 km de la capitale, et parviennent à faire évader 81 prisonniers.
Pendant que les citoyens s’interrogent et s’inquiètent de l’insécurité grandissante, le ministre banalise et trouve une porte de sortie. Face à une population médusée et résignée, il réussit à faire passer la pullule. Il explique la survenue du phénomène à cause des réformes engagées au sein du ministère.
« Depuis la mise en place d’une politique pénale rigoureuse de lutte contre le grand banditisme par la répression des infractions, la seule possibilité des délinquants aujourd’hui est sans doute de s’attaquer de manière lâche, aux établissements pénitentiaires pour tenter de faire échapper à la rigueur de la loi les malfrats qui franchissent le seuil de la légalité », confie-t-il sans vergogne.
Mais ce n’était que le début d’un syndrome qui commençait à se propager à travers le pays.
Puisque le 18 juillet, alors que le soleil est au zénith, des détenus armés s’évadent de la prison civile de Kankan au nez à la barbe des gardes pénitentiaires et des forces de l’ordre et de sécurité.
Trois jours après cette évasion, une opération presque similaire est constatée dans la ville aurifère de Siguiri. Où des individus lourdement armés attaquent la prison et font évader un bandit de grand chemin, au grand dam des pauvres citoyens.
Pour un gestionnaire attentif et prévoyant, les prémices étaient là. C’était clair et prévisible. Il aurait juste fallu une petite vigilance pour éviter aux guinéens cette malencontreuse et embarrassante situation qui met aujourd’hui tout un pays en danger. Mais au lieu de ça, le ministre s’est contenté d’organiser un tournoi de football dans le centre pénitencier le plus dangereux du pays.
La tentative d’évasion de Dadis Camara, Tiégboro Camara et Blaise Gomou et l’évasion de Claude Pivi, tous en lien présumé avec les évènements tragiques du 28 septembre 2009, n’a donc rien d’ahurissant.
Le garde des sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright, a jute pêché et devrait se repentir auprès des guinéens en déposant sa lettre de démission au chef de la transition dont-il a trahi la confiance.
Egalement concernés directement par la sécurité intérieure, le ministre délégué à la défense nationale, le général à la retraite Aboubacar Sidiki Camara, alias ‘’Idiamin’’ et le chef d’état major général des armées, le général de brigade Ibrahima Sory Bangoura qui devraient faire de même. Car cette attaque perpétrée au cœur de la capitale prouve à suffisance leur passivité pour assurer et garantir la sécurité du pouvoir et des populations guinéennes.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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