Site d'informations générales
VIGILOR SECURITÉ

Autorités morales et religieuses : n’attendez pas que notre case commune brûle pour intervenir

37

Les autorités morales et religieuses du pays continuent à garder le silence en dépit de l’exacerbation des violences pré-électorales constatées ces derniers temps. Ce silence coupable de ces autorités inquiète aujourd’hui plus d’un observateur.

Depuis le lancement de la campagne électorale le 18 septembre dernier, les guinéens subissent des violences à travers des discours haineux à relent ethnique tenus par des candidats potentiels à la présidentielle prochaine. Ces violences verbales qui lézardent le tissu social guinéen ont fini par semer la discorde entre certaines communautés et provoquer des incidents physiques majeurs.

Les incidents de Labé au Foutah et les affrontements entre militants de partis politiques du côté de Fria (Base Guinée)  et Kankan (Haute Guinée) constituent une menace réelle pour la paix et la quiétude sociale dans le pays.

A Kankan où les tensions ont été plus vives, les dégâts se passent de commentaire. Il y a eu des dizaines de blessés, des magasins et boutiques vandalisés, des maisons et autres biens matériels (véhicules, motos) saccagés et incendiés. Pour échapper au pire, plusieurs autres victimes ont préféré s’enfuir et regagner leur région d’origine.

Malgré ces violences cauchemardesques, aucune autorité morale ou religieuse ne s’est encore levée pour ne serait ce que  appeler au calme et à la retenue voire condamner. Ou même si elles l’ont fait-ce qui reste à vérifier-, mais pas suffisamment.

Tout comme l’Etat, elles préfèrent fermer les yeux sur ces divisions sociales qui mettent à rude épreuve l’unité nationale.  Hormis la fondation El hadj Djériba Diaby qui est sur tous les fronts depuis la veille de la campagne électorale pour distiller le message de la paix, aucune autre autorité ne semble s’intéresser à ce qui se passe. Toutes sont en retrait, entrain d’observer et cautionner les violences outrancières favorisées par les dirigeants du pays.

Cependant lors des revendications sociales et marches politiques, ces autorités morales et religieuses sont les premières à se lever pour essayer de calmer les ardeurs. L’on se souvient encore des récentes revendications sociales du côté de Nabaya, c’est leur intervention qui a permis de calmer la jeunesse de Kankan qui réclamait l’électrification pour de la ville. Une revendication pourtant noble.

Les revendications des enseignements pour la revalorisation de leur condition de vie. Là également leur intervention avait permis à un moment donné de mettre de l’eau dans la moule des syndicats.

Idem pour les manifestations des opposants au 3ème mandat, notamment le FNDC (Front national pour la défense de la constitution) qui a accepté d’observer des trêves suite à l’intervention des religieux.

Ces religieux avaient même promis de se prononcer si jamais l’actuel président officialisait sa volonté de briguer un 3ème mandat. Mais depuis, personne n’en n’a cure.

Pis, aucune initiative n’est prise pour interpeller les acteurs politiques sur leur responsabilité à sauvegarder l’unité des guinéens.

Les seules voix audibles ont été celles de la communauté internationale qui a mis en garde tous les acteurs sociopolitiques du pays par rapport à des éventuelles violences avant, pendant et après élection pré, pro et postélectorales. Pro-élection pré-élection

Pourtant, il est important que le secrétariat général des affaires religieuses, les imams, les prêtres, les coordinations régionales, les ‘’kountigui’’ ou ‘’sotikémo’’ sachent, qu’il n’est jamais aussi opportun que ce moment pour brandir le drapeau blanc. N’attendez donc pas que notre case commune brûle pour intervenir.

Au moment où nous mettons ce texte en ligne, nous apprenons que le premier imam de la grande mosquée Fayçal actuellement en séjour à Kindia est finalement sorti de réserve. Lors d’une conférence de presse qu’il a animé, El hadj Mamadou Saliou Camara a mis l’occasion à profit pour inviter les guinéens à préserver la paix et la cohésion sociale.

Touraman Keita pour kibanyiguinee.info

(+224) 655 27 13 18

Les commentaires sont fermés.