Site d'informations générales
VIGILOR SECURITÉ

INCENDIE DANS UNE UNITE INDUSTRIELLE A GBESSIA CENTRE CITE 1 : TEMOIGNAGES TROUBLANTS DE PLUSIEURS VICTIMES

54

Dans le quartier Gbessia centre cité 1, se trouve une cour qui a l’air d’un entrepôt. La façade principale et une partie de la façade latérale droite font face à une ruelle qui sert par moment de terrain de jeu pour les jeunes du quartier. Le reste de la cour jouxte des maisons d’habitation et des salons de beauté. Ce grand « hangar » serait le siège d’une unité industrielle de fabrique de matelas, installée là, depuis près de 2 ans. Mais où l’on ne voit aucune enseigne qui pourrait attester l’existence d’une usine dans cet endroit qui abrite pourtant la concession familiale d’un haut percé de l’Etat située juste à un pâté de maisons. C’est dans cette cour, qu’un incendie a surpris tout le monde, dans l’après midi de ce mardi 6 février, mettant la vie de plusieurs riverains en danger.

L’incendie s’est déclaré au moment où ce coin très animé est bondé de monde. En face certains jeunes jouent au ballon et non loin de là,  d’autres encore plus affairés, font le taxi et le taxi-moto. Sans oublier les plus nombreux qui font le petit commerce le long de la T2. L’incendie a provoqué une scène de panique chez la population avec un tohubohu indescriptible. La circulation sera bloquée un long moment par les agents de sécurité dont les véhicules étaient postés dans le grand carrefour.

Mohamed Guilavogui, la vingtaine révolue est un habitant du quartier. Il jouait à côté avec ses amis lorsque l’incendie s’est déclaré. Dans son témoignage, il revient sur les circonstances ayant provoqué le feu:

« c’est à 18h30 que ça commencé. Il y a eu une variation de courant, les travailleurs qui étaient présents ont changé la phase. Ils ont déclenché l’autre phase sans éteindre la première. Après un bon moment, l’autre phase qui était coupée est revenue. Le contact des deux phases a provoqué une masse qui déclenchera le feu. Nous étions au terrain lorsque nous avons vu la fumée montée. Le gardien était à la porte de l’usine. Lorsque nous nous sommes approchés, nous avons aperçu une grande flamme noire. Nous avons alors accouru pour éteindre le feu. Nous avons apporté de l’eau, mais au fur et à mesure qu’on mettait l’eau, la flamme grossissait. Après, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de bouteilles de gaz. Le chef de quartier a appelé la direction d’EDG (Electricité de Guinée) qui, après un long moment, a coupé le courant. Mais la flamme avait grossi et 20 mn après, un premier camion des sapeurs pompiers est arrivé. Ensuite deux autres sont venus en renfort.  Heureusement qu’il n’y a pas eu de perte en vies humaines. Mais les dégâts matériels sont importants. »

Alertée, la protection civile est intervenue pour maitriser l’incendie et éviter le pire dans de se produire. Informé, c’est le colonel Isac, Directeur Régional Adjoint de la Protection Civile de la Ville de Conakry qui a rapidement mis ses agents en branle.

« On m’a appelé (pour m’informer) qu’il y a un incendie ici, immédiatement, j’ai informé l’équipe de Matoto. Arrivés sur le lieu, les agents m’ont informé que c’est une usine de matelas et qu’il y avait une importante flamme », se souvient-t-il. Puis de poursuivre : « j’ai alors aussitôt appelé Kaloum et Topaz. C’est ce qui nous a permis de vite circonscrire le feu et l’éteindre. »

Il nous donnera quelques notions de protection civile en indiquant ceci : « Vous savez pour circonscrire un feu, il faut mettre 3 lances. Une lance pour la protection et pour éviter que le feu se propose et deux lances d’attaque…. ». Avant de s’empresser de préciser qu’il n’y a pas eu de perte en vies humaines, mais par contre, qu’il y a eu des dégâts matériels importants.

Quand est-il des riverains directs touché par l’incendie ?

Suite à cet incendie, des maisons d’habitation ont été touchées. Mais dans leur intervention, les sapeurs pompiers se sont concentrés uniquement sur l’usine.

Pour le colonel Isac, ils (ndlr, les sapeurs pompiers) n’étaient pas au courant que le feu a débordé. Il a fallu qu’une victime se plaigne pour qu’ils s’en rendent compte de cette situation.

« J’ai vu un voisin qui nous a informés que le feu a touché son domicile. Mais nous ne savions pas. C’est quand on a fini d’éteindre le feu ici qu’il est venu nous informer. », nous confie-t-il. Mais selon lui, cela ne relèverait plus de la compétence de la protection civile. Mais plutôt à la «police » qui doit  « faire son investigation

Qui sont ces victimes qui ont failli tout perdre à cause leur proximité avec l’usine ?

Mme Nimaga, née Fatoumata Binta Kanté est l’une d’elles. Cette cheffe d’entreprise et mère d’enfants a failli vivre le pire cauchemar de sa vie. Puisqu’au moment où l’incendie s’est déclaré, dans son l’immeuble qui borde avec l’usine, se trouvaient des personnes qui lui sont chères. Heureusement qu’elle peut rendre grâce à Dieu, comme elle l’a fait dans son témoignage.

« J’étais au travail comme tous les jours, à Ratoma où je gère une entreprise, lorsqu’on m’a appelé pour me dire que le feu a pris une usine de matelas qui est derrière chez moi. C’était entre 18h-19h du soir. Il y avait dans la maison mes 4 enfants et une jeune sœur. Heureusement que mon mari aussi était revenu de son service. Et quand je suis arrivée à la maison, il a fallu une heure avant de savoir où se trouvaient mes enfants. Heureusement par la grâce de Dieu, rien ne leur ait arrivé », raconte cette mère de famille entre deux souffles, qui soulignera qu’en plus de l’ampleur des dégâts matériels une partie de la maison a été complètement détruite.

Encore sous le choc, le mari, à son tour, est revenu sur sa mésaventure.

 « C’est aux environs de 18h, j’étais à la maison et m’apprêtais à dire aux enfants de faire leur devoir, lorsque nous avons entendu du bruit et des cris provenant de l’extérieur. Ils disaient : Au feu ! Au feu ! D’autres jetaient des cailloux pour nous alerter. En regardant, je constate que le feu provenait de l’usine de matelas qui se trouve à moins d’un mettre de la maison. Les flammes ont atteint ont pénétré par le toit de l’immeuble. Le feu a consumé tout ce qu’il a atteint sur son passage : le plafond, les lits…et plusieurs autres objets ont été volés. On voyait les gens sortir avec nos objets mais étant préoccupé à éteindre le feu, on ne pouvait rien y faire. », explique Balla Moussa Nimaga.

Très remonté contre les sapeurs pompiers, l’homme d’affaire se plaigne contre eux pour non assistance de personne en danger.

« Les sapeurs pompiers qui sont venus, aucun n’est venu nous voir. A plus forte raison nous secourir. Ils sont restés concentrés sur l’usine. Alors que depuis 18h, nous nous battions contre le feu. Il a fallu que je me déplace à 22h pour aller les voir et leur faire part de ma déception de leur comportement. Ils me disent qu’ils n’étaient informés que l’incendie a touché ma maison. Alors qu’ils ont cassé le mur de l’usine qui jouxte ma maison. Et quand ils ont finalement vu l’étendue des dégâts chez moi, ils étaient très étonnés et gênés. Ils m’ont demandé pardon et ont pris mon contact en me promettant de revenir demain (mercredi). Ils m’ont dit de trouver un huissier pour faire l’inventaire des dégâts », fulmine le père de famille dont l’immeuble R+1 a été très impactée.

Il rappellera ensuite que cette usine est là depuis près de 2 ans. « Quand ils ont commencé (le travail), avec l’odeur des produits chimiques, je suis allé me plaindre à leur niveau. En leur disant qu’ils ne peuvent pas faire ça ici. Mais comme c’est la Guinée, je n’ai pas scandalisé. Cependant, je les avais averti que si jamais, ils provoquent de l’incendie ici, ça ne sera pas bon, ça va leur coûté cher. Et voilà que moins d’un an et demi après cet avertissement, nous sommes dans ce que je craignais », fera-t-il remarquer.

Tout comme la famille Nimaga, la famille Condé se trouve dans une concession dont seul le mur la sépare de l’usine. C’est une concession à plusieurs chambres remplies du monde. Le quadragénaire était dans sa chambre lorsqu’il a été alerté par sa tante de l’incendie.

« Je priais lorsque (à 19h) j’ai entendu la voix de ma tante qui criait : Venez ! Venez ! Au début, j’ai cru à une bagarre entre personnes. Mais quand je me suis précipité dehors, je l’ai entendu dire que l’usine matelas dont la cour jouxte notre concession a pris feu. En regardant, j’aperçois une flamme géante. Elle dégageait une chaleur insupportable. Pris de panique, je me suis retourné dans la chambre dans le but de sauver quelques objets. Mais troublé, je ressors sans rien emporter. Ce sont les voisins qui étaient venus à la rescousse qui ont sorti nos affaires », narre Mamady Condé.

Mariam Keita, sexagénaire est la tante qui a lancé l’alerte. Nous la trouvons assise dehors entouré de ses filles. Le regard accroché dans le vide, elle donne l’impression de revivre le scénario de l’effroi qui s’est emparé de sa famille lorsqu’elle a donné l’alerte.

«J’étais assise ici (à la devanture de la cour) au moment du crépuscule avant de me lever pour aller prier. Après la prière, je suis ressorti m’assoir au dehors…Ma fille me dit : maman regarde, c’est la fumée du compost. Je l’ai répondu en disant que ça ne pas être le composte. Elle ajoute en disant : alors c’est peut être une grève. Je cherchais l’origine de la fumée lorsque je vus qu’elle provenait de l’usine de matelas. C’est ainsi, je me suis précipitée dans la cour pour alerter tout le monde. J’ai demandé à tout le monde de sortir et de sauver sa vie. C’est lorsque les sapeurs pompiers qui étaient arrivés ont commencé à maitriser le feu que les gens sont rentrés pour faire sortir nos objets. Mais pendant cette opération beaucoup d’objets ont disparu. Personnellement mon poste téléviseur et mon téléphone ont été volés, tout comme le téléphone de ma fille. Et nous attendons le matin pour faire l’état de la situation réelle », raconte la vielle dans un calme olympien.

Samory Keita pour kibanyiguinee.info

Les commentaires sont fermés.