C’est un scandale de corruption qui éclabousse la Présidence de la République, impliquant le Général Mamadi Doumbouya et certains patrons de médias. Le « lièvre est levé » par deux courageux commissaires de la Haute Autorité de la Communication. La révélation est tombée comme un couperet. Ou une « bombe » dont l’onde de choc est ressentie au plus haut sommet de l’État.
Car on parle de plusieurs centaines de milliers de dollars que le chef de la transition aurait donné à des patrons de presse. Selon les commissaires, Ibrahima Tawel Camara et Djéné Diaby, le Président Doumbouya a remis main en main des montants colossaux oscillant entre 100 mille, 200 mille et 300 mille dollars américains à plusieurs patrons de médias. Ces derniers partaient émarger régulièrement à la présidence, à la fin de chaque mois, pour ressortir avec de l’argent.
Cette pratique assimilable à une corruption à grande échelle a été mise à nu grâce à la dénonciation d’hommes intègres. Cela a provoqué un tollé général. Car bon nombre de guinéens sont tombés de nues face à ce scandale, ils veulent des explications.
Rappelons que selon l’article 3 de la loi anti-corruption, « la corruption est le résultat des moyens utilisés et des actions tendant à détourner quelqu’un de ses devoirs pour le déterminer à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte de sa fonction, moyennant un avantage indu ou un enrichissement illicite ». Autrement, c’est « l’utilisation des pouvoirs que confère une charge publique pour en tirer des avantages personnels ».
Un fait qu’ont dénoncé les deux commissaires à travers leurs révélations faites récemment pendant leur mission de monitoring à Kankan. Leur acte de bravoure a été félicité et salué par tous les guinéens patriotes et intègres. Même si cette sortie leur a valu une suspension pour « faute lourde » par la HAC, leur institution d’origine.
Une décision administrative en porte-à-faux avec les dispositions des articles 97 et 99 de la loi ordinaire « L/2017/N°0041/AN portant prévention, détection et répression de la corruption et des infractions assimilées. »
Selon l’article 97, par exemple, « les employés d’un organisme public ou privé peuvent porter plainte ou dénoncer les pratiques frauduleuses dont ils ont connaissance, sans encourir de mesures de représailles ou d’intimidation, qu’elle qu’en soit la forme »
Quant à l’article 99, il va encore plus loin pour « interdire à tout organisme public ou privé d’exercer des représailles contre un employé ou un usager qui, de bonne fois, a porté plainte, dénoncé un fait de corruption ou d’infractions assimilées ou collabore à une enquête », fin de citation.
Ces dispositions prouvent à suffisance que les deux commissaires sont victimes d’abus d’autorité de la part de la HAC. Qui aurait dû assumer ses responsabilités en apportant sa solidarité à ses éléments qui ont eu le courage Herculéen pour dénoncer l’épicentre d’un phénomène qui gangrène notre société.
Que fera la CRIEF ? Aura-t-elle l’étoffe pour scruter le dossier? Ce sont des questions qui se trouvent aujourd’hui sur toutes les lèvres. Les projecteurs sont depuis, orientés vers l’institution judiciaire qui s’est beaucoup illustrée depuis sa mise en place, par sa célérité dans la gestion des dossiers.
Elle se targue même d’avoir poursuivi plus d’un demi-million de personnes de janvier 2022 à nos jours. Mais aura-t-elle l’audace d’ouvrir une enquête judiciaire dans ce nouveau dossier scandaleux impliquant le premier magistrat du pays ?
Nous l’espoir bien ! Surtout que c’est un dossier brûlant, il serait intéressant de rapidement mettre en branle la machine judiciaire. Comme c’est fut le cas, on se souvient encore, pour les anciens ministres Yaya Sow et Mamadou Pathé Diallo.
Le silence coupable de la présidence de la république
Depuis ces révélations, il y a deux jours, la présidence reste muette. Seuls la HAC et les patrons de médias soupçonnés être mouillés dans cette affaire se sont fait entendre.
La HAC parle de « propos diffamatoires » et d’«allégations » vis-à-vis des hautes autorités du pays.
Le trio des patrons des médias fermés, eux parlent et d’ « accusations infondées » contre leurs personnes et exigent par conséquent des « preuves » de la part des auteurs.
Pendant ce temps, du côté du palais Mohamed V, on fait mine de rien. C’est motus et bouche cousue. Ce qui fait croire à maints observateurs à la culpabilité des mis en cause. En l’occurrence, le Gal Mamadi Doumbouya, son conseiller personnel Elhadj Thierno Mamadou Bah et Moussa Moise Sylla ancien directeur de la DCI, tous nommément cités par les deux commissaires. Qui seraient, à de degré différent, les principaux « corrupteurs » dans cette affaire.
Or, il y a un adage en droit qui dit : « qui ne dit rien consent ». Sans occulter aussi le fait qu’en Guinée, l’expérience a montré que derrière les rumeurs, il y a toujours une part de vérité. Nous y reviendrons.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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