En classe de 10ème année, Alpha Oumar Diallo ne connaitra jamais les résultats de l’examen du BEPC (Brevet d’Etude du Premier Cycle). Sorti tôt ce mercredi 19 juin, pour rallier son centre d’examen sis à Tombolia, le jeune candidat qui dégageait pourtant une forme inouïe le matin, ne retournera plus vivant à Daresalam, son quartier d’origine. Où l’attendait pourtant impatiemment sa maman dont-il est la prunelle des yeux. Fauché par un chauffard sur le chemin de retour, au niveau d’Entag, alors qu’il cherchait une occasion pour rentrer, « Alphadjo » pour les intimes, trépasse suite à ses blessures.
S’il savait ce jour qu’il allait rencontrer la mort sur son chemin en allant affronter l’épreuve du brevet, il ne serait jamais parti. Mais le destin funeste avait déjà scellé son sort. Qui devait le conduire ce jour au trépas. La mort à laquelle chaque âme gouttera. Tôt ou tard !
C’était dans l’après-midi de la veille du dernier jour du BEPC. La journée de l’examen venait de s’achever. Alphadjo cherchait à vite rentrer chez lui à Daresalam. Où l’attendait sa tendre mère. Mariama ‘’Tâboun’’ (surnom donné lorsqu’elle vendait encore sur une grande table) attendait impatiemment l’arrivé de son bien aimé fils qui avait un respect religieux et un amour profond pour elle.
Au sortir donc de la salle d’examen, le jeune collégien fonce directement à l’arrêt bus pour chercher une occasion.
Or, en cette période de fête, nombreux sont les automobilistes qui sont allés faire la Tabaski à l’intérieur du pays, auprès des siens. Trouver donc en ce moment un taxi relève d’un véritable casse-tête
En plus de cela, l’éloignement des centres d’examens qui ne facilite non plus pas les choses pour les candidats. Qui sont obligés, à l’aller tout comme au retour, de s’armer de courage pour rallier leurs centres ou leurs domiciles. Et dans de telles circonstances, le passager n’a qu’un seul choix: sauter dans la première occasion qui se présente. Taxi, personnel voire même camion. L’essentiel étant pour lui d’arriver à destination. Ce qui n’est pas pourtant sans risque.
Les circonstances du drame
Le trottoir était donc bondé du monde. Des élèves venus de plusieurs centres forment des groupes le long de la route, guettant la moindre occasion. Pour parer au plus pressé, chacun cherche à rallier par tous les moyens possibles le domicile pour déstresser.
Ainsi tout comme ses camarades, Alphadjo était au bord de la route entrain de chercher une occasion. Effectivement, c’est durant cette attente qu’un camion surgi. C’était une occasion désespérée pour tous ces nombreux usagers dont certains étaient là depuis un bon moment. Et qui ne pouvaient pas se permettre de la rater. C’est ainsi, à l’approche du camion, une kyrielle d’élèves s’est ruée sur l’engin. Chacun voulant trouver une place à l’arrière du véhicule. Ç’a été un véritable tohu-bohu.
Seulement, au moment où les uns et les autres cherchaient à monter, le camion était encore en marche. Le conducteur n’ayant jamais voulu l’immobiliser. Cela malgré les cris d’une femme qui observait la scène. « J’ai dit au conducteur du camion de s’arrêter pour prendre les enfants, mais il n’a pas voulu comprendre », raconte cette âme sensible dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux où on voit la victime couchée inerte dans un lit de malade dans une clinique.
Témoin oculaire du drame, elle dit avoir insisté auprès du chauffeur mais en vain. « Les enfants montaient sur son camion. J’ai insisté pour qu’il s’arrête. Mais il ne l’a pas fait », explique-t-elle le cœur meurtri.
Selon elle, c’est en ce moment précis que le drame a eu lieu. Alphadjo a chuté et le véhicule lui est marché dessus.
« C’est entretemps, le jeune est tombé, le camion lui est monté dessus », renchérit-t-elle dans la vidéo avec une voix tremblante.
Fuite du chauffeur, refus des gendarmes de bouger
Le conducteur s’étant rendu compte de son crime, a pris la fuite. Pis, cette tragédie se serait déroulée sous l’indifférence totale d’agents de gendarmerie dont le siège se trouve juste en face.
Interpellés par la femme, les agents n’ont pas bougé d’un iota. « C’était en face de la gendarmerie d’entag », se souvient la jeune dame. Avant de souligner : « J’ai informé les gendarmes afin qu’ils arrêtent le chauffeur, ils ont refusé.»
Malgré le choc de l’accident, le brave garçon essayera par deux fois, de se relever, rapportent d’autres témoignages. Mais à chaque fois, il s’effondrait. Son corps engourdi cédait sous son propre poids. Le destin venait de basculer. C’est ainsi animé par l’amour maternel, il invoqua la présence de sa mère. « Appelez ma mère ! Appelez maman ! Je vais mourir ! », articulait-il, à peine, selon les mêmes témoignages.
Il est ensuite transport d’urgence dans une clinique. Malheureusement, il succombera des suites de ses graves blessures.
Daresalam en deuil !
La nouvelle du drame s’éparpille rapidement comme une trainée de poudre. A Daresalam, malgré l’évidence, l’on refuse d’y croire. Adolescents, jeunes, adultes, hommes et femmes envahissent la concession familiale. Tous médusés. Sur les visages, c’est la tristesse et la consternation. La peur de sa disparition hante déjà les esprits. Jusque tard la nuit, à l’arrivé du corps du défunt, la maison mortuaire ne désemplit pas. Daresalam est en deuil !
Le lendemain jeudi, des gens de tous âges continuent d’affluer pour consoler la famille éplorée. Des acteurs sociaux, des encadreurs et des proches venus de loin se sont précipités pour présenter leurs condoléances.
Les médias largement mobilisés étaient aussi présents pour immortaliser la mémoire du fils de Mariama ‘’Tâboun’’, arraché à la fleur de l’âge.
Dernier d’une fratrie de 4 enfants dont 2 filles, Alpha Oumar Diallo, ‘’Alphadjo’’, s’en va, laissant derrière lui une famille inconsolable et tout un quartier meurtri par sa disparition brutale. Malgré son jeune âge de 17 ans révolu, le jeune garçon n’aura pas vécu pour rien. Dors en paix petit ange.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info
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