Des dizaines de pick-up de la police nationale, tous neufs, ont été récemment aperçus en convoie dans les rues de la capitale guinéenne, Conakry et périphéries. Cette parade policière qui s’est déroulée dans le grand Conakry consiste à dissuader les populations contre les manifestations devenues récurrentes ces derniers temps.
Malgré la mesure d’interdiction de manifestation prise depuis 2022 par la junte militaire au pouvoir, les manifestations se tiennent en Guinée. Pour braver cette mesure, les organisateurs de manifestation se servent régulièrement de la loi qui consacre à tout citoyen le droit de manifester.
Sur le terrain, nous assistons constamment à des affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre. Ces accrochages sont généralement soldés par des morts du côté des manifestants et de dégâts matériels importants (véhicules calcinés) du côté des forces de l’ordre.
Une situation qui ne serait pas près de s’arranger de sitôt. La junte militaire étant décidée de faire respecter son dicta. Et pour cela, elle ne compte pas lésiner sur les moyens.
C’est dans cette logique qu’elle aurait décidé de doter de matériels à la police nationale. Il s’agit d’engins roulants qui se comptent par plusieurs dizaines de pick-up. Estampillés aux couleurs de la police nationale, ces véhicules tout terrain seraient dotés dans le cadre du maintien d’ordre qui est l’une des missions régaliennes de la police nationale.
Comme une démonstration de force, la police a sorti ses nouveaux pick-up pour se pavaner dans les rues de Conakry et périphéries. Une manière pour elle de dissuader les populations qui font souvent recours à la manifestation pour se faire entendre.
Le long convoi de pick-up qui serait parti du QG du ministère de la sécurité et de la protection civile fera escale dans la commune urbaine de Coyah en passant par l’autoroute Fidel Castro. Sur le chemin de retour, le convoi aurait traversé plusieurs quartiers de l’axe Bambéto-Hamdallaye considéré comme étant les zones les plus « chaudes » de Conakry. Il s’agit entre autres, des quartiers de Kagbelen, Sonfonia, Lambanyi, T7, Hamdallaye et Bambéto. Le convoi aurait de nouveau arpenté l’autoroute Fidel Castro pour se rendre les quartiers de Dabondy, Matam et Madina.
« Nous faisons cette parade dans le grand Conakry pour montrer à l’opinion nationale et internationale, que dans le cadre légal du respect des droits de l’homme et de l’utilisation des matériels conventionnels…, nous sommes fin prêts, déterminés et engagés », indique le Directeur central de la Compagnie mobile d’intervention spéciale (CMIS), Ibrahima Sory Diakité.
Lors de cette exhibition, à Coyah, le commissaire central tout en vouant fait et cause à sa hiérarchie a exprimé son engagement à faire respecter l’autorité de l’Etat. Le commissaire Mansa Mady promettra qu’il n’y aura pas de « fausse note » à Coyah. Il martèlera que la police se battra à tout prix pour faire respecter les « instructions » des autorités.
En recevant ses hommes, le patron de la police nationale a lui voulu se montrer rassurant. Récemment bombardé Directeur Général de la police, après avoir fait ses preuves sur le terrain, l’officier de police a promis à sa troupe que le meilleur reste à venir.
« Sachez que c’est l’un de vous qui est devant vous aujourd’hui, qui commande la police nationale. Cela veut dire que je suis à votre disposition et resterais à votre disposition. On a commencé ensemble sur le terrain, Dieu a fait que je sois là aujourd’hui. Je connais vos problèmes et difficultés. S’il plait à Dieu, le meilleur reste à venir, ça soyez-en sûr, merci beaucoup », a promis Djenaba Sory Camara. Avant d’ordonner à la troupe de rompre les rangs et aller se reposer. « Allez-y vous reposer, à 5h du matin, on sera encore ensemble sur le terrain », lancera-t-il d’un ton impératif.
En dotant les services de maintien d’ordre et cette parade policière dans le grand est un message fort que l’État enverrait à la population. C’est dire qu’aucune manifestation ne sera tolérée. Les regroupements non autorisés seront « mâtés » pour faire respecter l’autorité de l’État.
Cependant, il reste à savoir, si cette démonstration de force pourra dissuader les populations à recourir aux manifestations devenues le seul moyen pour elles pour se faire entendre.
Touraman Keita pour kibanyiguinee.info