Les médias privés guinéens sont loin de finir leur traversée du désert en cette période cruciale de transition. A cause des dunes et tempêtes violents de sable, les moins chanceux sont ensevelis alors que ceux qui survivent sont ralentis dans leur marche pénible vers la sortie. Après le retrait des licences de trois d’entre eux, au mois de mai dernier, trois autres médias et non des moindres, viennent d’être fermés par l’État.
Ce sont Bouré FM, Baraka FM et Badrou Islam FM qui émettaient à partir de Kankan, en Haute Guinée et appartiendraient à deux leaders islamiques et un journaliste, ont été fermées depuis le vendredi 4 septembre dernier.
Les choses sont allées très vite. Dans la journée de ce vendredi, des agents de sécurité en compagnie d’agents de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) accompagnés du Directeur Régional de l’Information et de la Communication ont inopinément débarqué dans les locaux desdits médias avant de mettre les cadenas aux portes. Depuis ce jour, les émetteurs sont silencieux, privant les populations des cantiques religieux et des bonnes nouvelles que leur relayaient ces médias dont ils étaient devenus les fidèles auditeurs.
Le motif invoqué pour la fermeture de ces radios est la « non-conformité administrative ». Autrement, les trois radios émettaient en toute illégalité car, n’ayant pas toute la documentation légale leur permettant de s’implanter et de travailler correctement.
Pour l’instant, il n’y a eu aucune déclaration officielle en lien avec cette fermeture. Néanmoins, des sources parlent de la tenue d’un point de presse entre ce mardi et mercredi par la Direction régionale de l’information et de la communication, afin d’éclairer l’opinion sur les causes réelles de fermeture des trois radios.
En attendant donc d’en savoir plus sur les motifs réels ayant entrainé à la fermeture de ces médias, il y a lieu de s’interroger sur l’avenir de la presse privée en Guinée. Bien qu’elle soit un acteur majeur de la promotion de la démocratie et l’éducation des populations, la presse privée guinéenne est entrain de vivre ses pires moments depuis sa création dans les années ‘’90’’.
Au mois de Mai déjà, trois de ses membres très influents ont vu leurs licences retirées pour « non-respect des cahiers de charges », selon l’État.
Quatre mois après, ce sont trois autres médias qui sont forcés à se taire pour faute de documents administratifs légaux, dit-on là aussi.
La liste qu’on croyait déjà longue vient de s’élargir désormais à six (6) médias écartés du paysage médiatique guinéen. Qui sera le prochain sur la fameuse liste noire ?
En tout cas à cette allure, aucun média n’est à l’abri car, on peut à tout moment se retrouver du mauvais côté de la rigole et se voir précipiter dans l’abîme.
Fatoumata Camara pour kibanyiguinee.info