Jamais, je dis bien jamais, la Guinée n’a connu un tel nombre de mouvements de soutien. Comme une foire aux champignons, des mouvements de tous genres pullulent dans la cité. Tous ont pour dénominateur commun la promotion de la candidature d’une personne : le général Mamadi Doumbouya.
Arrivé au pouvoir par effraction, le soldat du 5 septembre 2021 semble avoir pris goût aux délices du pouvoir et ne veut plus s’en priver.
Lorsque vous voulez dompter un individu, n’allez pas par quatre chemins. La meilleure arme que vous puissiez utiliser est la faim. Affamez-le, et il viendra jusqu’à vous pour être à votre service.
En Afrique, les régimes dictatoriaux ont souvent recouru à cette pratique inhumaine. Ils affament leur peuple avant de se faire passer pour le messie qui les délivrera de la pauvreté.
On vit curieusement une situation similaire en Guinée. Ou plutôt, c’est ce sentiment qui se dégage. Le peuple, privé de bien-être, vit selon les humeurs de ceux qui dirigent le pays. En dépit des immenses ressources naturelles, on assiste impuissant à une paupérisation généralisée de la population. Affamée, celle-ci est assujettie à la mendicité institutionnelle pour survivre.
La vie est devenue plus chère qu’avant. Pendant qu’un groupuscule d’individus ayant pris le pays en otage se la coule douce, l’écrasante majorité de la population suffoque. Pour survivre, on est obligé de se conformer aux caprices du pouvoir dont il faut chanter les bienfaits à travers des messes organisées çà et là en faveur de la candidature du locataire du palais Mohamed V à la future élection présidentielle.
Ainsi, depuis quelques mois, le pays vibre au rythme de chants et danses folkloriques pour promouvoir le parjure, l’injustice et l’illégitimité. Tant pis pour ceux qui se soucient encore de l’avenir du pays. Comme dans une foire au poisson, des mouvements de soutien se créent partout sous la bénédiction d’un pouvoir autoritaire. Celui-ci ne tolère aucune contestation mais est prêt à financer à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes toute initiative visant à promouvoir son maintien. Alors que cet argent pouvait servir à la construction d’une société forte et unie qui garantisse l’avenir de ce pays.
Malheureusement, la promotion de la candidature du président est devenue le principal moyen lucratif en Guinée. Son effigie omniprésente dans toutes les rues et ruelles de Conakry témoigne de ce véritable culte de la personnalité. Il est désormais impossible de circuler dans la capitale sans voir l’effigie du président de la transition.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info