La nouvelle donne froide dans le dos. Un scénario digne d’un film hollywoodien s’est joué en pleine journée, sur la Nationale 1, entre Mamou et Kindia. Le samedi 12 avril, un convoi transportant une somme astronomique – 21 milliards de francs guinéens en billets neufs – a été attaqué par des individus non identifiés. Le butin ? Volatilisé. Les braqueurs ? Introuvables. Les explications ? Confuses.
Ce braquage spectaculaire s’est produit en matinée, alors que la circulation battait son plein. Les assaillants, visiblement bien organisés, ont frappé sans être inquiétés, avant de disparaître dans la nature avec des liasses de billets de 20 000 GNF, fraîchement imprimés et destinés à être injectés dans le circuit économique.
Mais ce n’est que 72 heures plus tard, soit le lundi 14 avril, que la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) daigne sortir de son silence. Dans un premier communiqué, elle parle sobrement d’une « attaque du convoi d’un particulier ». Curieusement, dans un second communiqué publié quelques jours plus tard, l’institution rectifie en évoquant « un opérateur économique ». Un flou sémantique révélateur d’un malaise… ou d’une gêne.
La communication de la BCRG, plutôt que de rassurer, soulève davantage de questions. L’institution affirme avoir été « saisie par courrier » de la situation, sans en dire davantage. Ni l’identité du propriétaire des fonds, ni la destination exacte du convoi ne sont précisés. Était-il en route vers l’intérieur du pays ou en direction de Conakry ? Mystère total.
Pire, dans son communiqué, la Banque centrale utilise un ton conditionnel pour évoquer le sort des fonds : « les assaillants auraient emporté la totalité du montant. » Une prudence déroutante, qui laisse penser que même la BCRG ignore si les 21 milliards ont bel et bien disparu ou non.
En guise de réponse, un « comité de crise » aurait été mis en place, dirigé par le gouverneur Dr Karamo Kaba. Ce comité affirme avoir saisi les autorités militaires et paramilitaires, leur fournissant les numéros de série des billets volés pour assurer leur traçabilité. Une démarche qui ressemble fort à un coup d’épée dans l’eau, tant il semble peu probable que les mêmes autorités, incapables de prévenir le braquage, puissent aujourd’hui retrouver les billets.
Face à ce scandale retentissant, la BCRG est désormais sommée de sortir de son mutisme. L’opinion publique attend un point de presse clair, transparent, et surtout, des réponses précises. Car dans cette affaire, trop de zones d’ombre persistent — et l’image même de la banque des banques est en jeu.
Touraman Keita pour kibanyiguinee.info