La CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Ouest) aura désormais du mal à intervenir dans les conflits internes en Guinée. Aux yeux des acteurs sociopolitiques guinéens qui dénoncent un coup d’Etat constitutionnel, l’institution a perdu toute « crédibilité ».
Dans nos murs depuis quelques jours, la mission conjointe CEDEAO-UA- ONU en prélude à la présidentielle prochaine a présenté son rapport final aux acteurs sociopolitiques du pays ce week-end.
Au cours de cet exerce la déclaration de la cheffe de la mission relative à la question du troisième mandat a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Face au FNDC, Mme Shirley Ayorkor Botchway affirmera que « la question du troisième mandat est maintenant derrière nous ».
Depuis, cette déclaration suscite un tollé général auprès des acteurs anti-troisième mandat qui n’ont pas manqué de faire savoir leur ressentiment à l’organisation sous-régionale.
« Nous avons aussi conscience du fait que cette élection qui est programmée pour le 18 octobre, vise tout simplement le blanchissement d’un coup d’Etat, un coup d’Etat civil », a fulminé le coordinateur national du FNDC en réaction à cette déclaration.
Poursuivant, Abdourahmane Sano dira : « vous comprendrez que nous sommes très étonnés que les institutions que vous représentez ici aujourd’hui, au mépris de vos lois et de vos propres principes, fassent comme si la tragédie que la Guinée traverse depuis que M.Alpha Condé a entrepris de faire le coup d’Etat constitutionnel pour se donner le pouvoir à vie, ne fait suffisamment de résonnance au niveau des partenaires naturels de la Guinée. Des partenaires qui constituent par ailleurs des institutions de recours ».
Et d’enfoncer le clou : « si vous prenez la responsabilité de ramener la crise de la Guinée à une question électorale, vous endossez la responsabilité d’un coup d’Etat en Guinée ».
Même son de cloche du côté de l’opposant Bah Oury. Pour l’ancien ministre de la réconciliation nationale, « en agissant ainsi l’organisation régionale a ruiné sa crédibilité ». Car, « elle accentue ainsi les facteurs de crise au sein de l’espace ouest-africain », déplore-t-il.
Avant de faire remarquer que cette « attitude (ndr, de la CEDEAO) ouvre la voie à la déstabilisation de notre région et encourage par devers elle, les prises de pouvoir hors norme ».
Avec cette prise de position flagrante, la CEDEAO n’a plus d’influence sur les acteurs sociopolitiques opposés à un troisième mandat d’Alpha Condé. Ainsi tout porte à croire que l’organisation sous régionale vient de griller sa carte diplomatique en Guinée.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info
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