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Guinée : La journée de la dignité des victimes de la traite célébrée !

En prélude à la célébration le 30 juillet de chaque année de la Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite des êtres humains, journée  qui a été consacrée lors de l’Assemblée générale des Nations Unies et qui a adopté le 18 Décembre 2013 la résolution 68/192 par les États membres, le Comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA) avec l’appui financier de l’Union européenne, l’ambassade des Etats-Unis et en partenariat avec Expertise France et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), a organisé un atelier de partage du Plan d’action sur la traite des personnes pour « faire le point sur la situation de la lutte contre la traite des êtres humains en République de guinée ».

En Guinée la journée mondiale de la dignité des victimes de la traite des êtres humains a été célébrée ce vendredi, 30 juillet 2021 à travers une conférence de presse organisée à la Maison de la presse, au cours de laquelle le CNLTPPA et ses partenaires ont présenté la situation de cette pratique et les obstacles qui freinent encore la lutte contre ce fléau.

Cette année le thème choisi est « TOUS UNIS CONTRE L’EXPLOITATION PAR LE TRAVAIL ».

Aboubacar Sidiki Camara, président du comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées, a tout d’abord précisé que le comité qu’il dirige est un organisme gouvernemental qui s’occupe des personnes victimes de traite, avant de mettre l’occasion à profit pour évoquer le rôle combien important des acteurs concernés dans la chaine de lutte contre la traite des personnes en Guinée.

« La  lutte contre la traite des personnes implique plusieurs acteurs. Il faudrait qu’il y ait une synergie entre les acteurs. La lutte contre la traite des personnes, il faut voir le niveau institutionnel qui est assuré par le ministère de l’Action sociale et il faut voir aussi les acteurs de la chaine pénale. Lorsque nous avons des cas de traite, il faudrait que ceux qui se rendent coupables de l’acte de traite puissent subir la rigueur de la loi » a interpellé M Camara.

Plus loin Aboubacar Sidiki Camara a félicité une organisation de la société civile en l’occurrence l’Association guinéenne des Assistances Sociales, qui s’est fortement impliquée dans l’identification, la collecte des besoins des victimes de la traite concernant toutes les formes de traites mais aussi dans la prise en charge des victimes.

Il a également précisé que la journée d’aujourd’hui est dédiée aux victimes. La voix  des victimes. Elles peuvent se servir de la ligne verte 116 dédiée à cet effet.

Invité à cette journée, Colonel Amara Sylla, Représentant l’Office national de protection de l’enfance du genre et des Mœurs (OPROGEM), a donné des statistiques que son service a eues à gérer au cours de l’année 2020 dans la lutte contre ce fléau et aussi des techniques d’interpellation.

 « Dans le cadre de la lutte contre la traite des personnes, nous avons mené beaucoup d’actions sur le terrain. Et comme tout officier de police judiciaire, le rôle d’un service de répression c’est de rechercher les infractions, réunir les preuves, interpeller les auteurs et transférer le dossier devant le parquet qui en a la compétence de juger. Les chiffres de 2020, parce qu’avec la pandémie, ça a beaucoup ralenti, les trafiquants se sont beaucoup méfiés sur le terrain. En 2020, nous avons réussi à interpeler et déférer  20 cas de traite dans les différents tribunaux de Conakry  et à l’intérieur du pays. Généralement, nous avons nos représentants qui sont infiltrés dans les localités et parfois les parents des victimes ou les victimes elles-mêmes se dirigent vers nous ou les responsables locaux pour nous signaler qu’il y’a un cas de traite qui est en train de se produire à tel endroit. Alors, nous mettons tout de suite nos techniques en mouvement pour infiltrer et identifier avant de procéder à l’interpellation. Nous avons aussi interpellé six albinos avec des femmes qui les faisaient promener à travers les rues de Conakry, on les a entendus. Ces femmes ont été aussi déférées au parquet de Dixinn, elles ont été jugées et condamnées, avec l’appui des partenaires, les albinos ont été retournés dans leurs familles respectives », a déclaré l’officier de police Colonel Amara Sylla.

Présente à la célébration de la journée des victimes de traite Mme Aïssatou Baldé, présidente du Syndicat national des travailleuses domestiques est revenue sur les statistiques des cas de traites recensés par son organisation dans ce projet à travers l’appui  à la lutte contre la traite des personnes, dans son volet protection des victimes.

Selon Mme Aïssatou Baldé, présidente du syndicat des travailleurs domestique : « le syndicat national des travailleurs domestiques a identifié 100 victimes de traite des personnes au courant 2020-2021 dans la zone de Conakry et Coyah. La plupart de ces victimes sont des femmes qui travaillaient dans des conditions très difficiles telles que les menaces, les heures de travail excessives, les tromperies, entre autres. Après cette identification, ces victimes ont été référées à l’OIM pour une réintégration. A ce jour, il y’a 92 victimes qui ont été réintégrées. Ces femmes ont bénéficié des activités génératrices de revenus telles que la vente des pagnes, les boutiques d’alimentation, la vente des produits cosmétiques, mais aussi des salons de coiffure. Et ces activités ont été choisies par les victimes elles-mêmes. Parmi ces victimes, il y’a aussi des enfants et des jeunes. Ces enfants ont repris l’école et ils ont bénéficié de deux ans pour le moment de paiement de scolarité. On a payé des fournitures scolaires pour eux et leurs parents ont aussi bénéficié des activités pour qu’à la longue ils puissent s’occuper de la scolarité de leurs enfants », a souligné l’activiste des droits de l’homme.

Le président du comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA) a aussi lancé un appel au législateur guinéen afin d’avoir une loi spéciale pour punir clairement tout acte de traite des êtres humains sans aucune ambiguïté.

Il faut rappeler que la République de Guinée est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination de la traite des personnes.

Aujourd’hui, la guinée manque d’abord de véritables stratégies de lutte contre la traite des personnes du fait de la fragilité de ses partenaires locaux et le manque de soutien financier de la part de l’État guinéen, premier acteur concerné avant les partenaires techniques et financiers.

Selon le Département d’État des États-Unis, la Guinée est un mauvais élève dans la lutte contre la traite des personnes et est classée dans la catégorie pays Tiers 2.

Alphadio Diallo pour kibanyiguinee.info