Nomination au compte gouttes des membres du gouvernement : le colonel Mamdy Doumbouya entre tâtonnement et hésitation
Près de deux mois se sont écoulés depuis le coup d’Etat militaire perpétré en Guinée, renversant le régime d’Alpha Condé. Le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya avait promis un gouvernement d’union nationale de transition mais, apparemment qui tarde à voir le jour. Sa formation se fait au pas de caméléon, obligeant les guinéens à garder leur mal en patience.
La nomination du premier ministre intervenue le 6 octobre dernier, c’est à dire, un mois après le putsch, était perçue comme un déclic devant permettre la mise en place rapide du gouvernement. Lors de son adresse à la nation à la veille de la fête de l’an 63 de l’indépendance de la Guinée, le colonel Mamady Doumboya avait même annoncé la mise en place « imminente » dudit gouvernement. Mais pendant plusieurs jours, le chef de la junte fera durer le suspens.
C’est au moment où les spéculations allaient bon train, que le colonel Mamady Doumbouya a décidé de faire un premier jet, prenant ainsi tout le monde au dépourvu. Alors que les guinéens s’attendaient à la liste complète des membres du gouvernement, comme c’est fut généralement le cas avec les précédents régimes, le nouvel homme fort de Conakry a préféré adopter la démarche du caméléon. Marcher lentement mais sûrement.
Ainsi le 21 octobre 2021, il publie une première liste de quatre personnes sur les 25 ministres et 2 secrétaires généraux devant appartenir au gouvernement de transition qui sera conduit par Mohamed Béavogui.
A en croire au contenu du décret, sur « proposition du premier ministre », Aboubacar Sidiki Camara, Bachir Diallo, Laoupou Lamah et Abdourahmane Siké Camara sont nommés respectivement, ministre délégué à la défense, ministre de la sécurité et de la protection civile, ministre de l’environnement et du développement durable et secrétaire général du gouvernement avec rang de ministre.
Cette nomination à compte goutte s’est poursuivie ce lundi 25 octobre, avec la livraison d’une seconde liste de quatre nouveaux ministres. A préciser que si sur la première liste, il n’y avait que des gens issus de l’administration publique guinéenne, sur cette deuxième liste on retrouve des diplomates et le secteur privé.
Il s’agit du : Ministre du travail et de la fonction publique, Julien Yombouno, précédemment spécialiste éducation, chargé de la qualité à l’UNICEF ; Ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Mamadou Pathé Diallo, précédemment coordinateur des Nations-Unies en Guinée-Bissau ; Ministre des Affaires étrangères, de la coopération internationale, de l’intégration africaine et des guinéens de l’étranger, Mory Sandan Kouyaté, précédemment Directeur exécutif du comité inter africain sur la santé des femmes et des enfants ; Ministre de la pêche et de l’économie maritime, Mme Charlotte Daffé, précédemment Directrice du contrôle interne à Total Guinée.
Il faut noter que cette façon du président de la transition de procéder aux nominations est diversement appréciée par les guinéens.
Toutefois, de l’avis d’observateurs avertis, on constate un certain tâtonnement voire de l’hésitation dans la démarche du chef de la junte militaire. Le retard accusé dans la formation du gouvernement de transition est une preuve des difficultés que rencontre le président dans le choix des hommes et femmes devant appartenir au gouvernement. « Nous sommes prêts à accompagner mais il faut mettre le gouvernement en place », a confié récemment Joseph Coll, chef de la délégation de l’UE en Guinée. Comme pour dire que la junte doit se hâter car, le temps presse et la Guinée à surtout intérêt à renouer avec la communauté internationale pour espérer réussir sa transition.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info
Tél : 655 27 13 18
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