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Média : le groupe de presse Lynx-Lance présente les résultats de l’enquête sur le système carcéral guinéen.

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Dans le cadre de l’amélioration de la bonne gouvernance en Guinée en général et celle économique en particulier, le groupe de presse Lynx/Lance a mené une série d’enquête sur des sujets divers et variés.

En prélude à cette série d’enquêtes le groupe de presse Lynx-Lance et Lynx.net a bénéficié en 2020 d’un soutien financier de la part d’OSIWA-Guinée pour un renforcement de capacité en journalisme d’investigation afin d’avoir une cellule d’investigation spécialisée en crime économique dans notre pays.

A l’issue de cette formation une équipe de 7 journalistes ont choisi et enquêté sur différentes  thématiques dont 5 ont fait l’objet de présentation ce mercredi, 27 avril 2022 à la Maison de la presse de Guinée. Ce sont entre autres problématiques :

1- Pourquoi le prix du tabac est-il moyen cher en Guinée qu’ailleurs dans les autres pays de la sous-région ouest-africaines ? 2- Pourquoi subventionne-t-on le riz importé alors que la production locale est de meilleure qualité ? 3- Combien les élections ont couté à la Guinée ? Les dépenses effectuées avaient-elles suivi les voies recommandées ? 4- Les impacts de l’exploitation minière sur l’environnement et les communautés, 5- Le système carcéral guinéen.

Selon Mamadou Siré Diallo, rédacteur en chef dudit groupe de presse l’objectif est de dénoncer les mauvaises pratiques liées à la mal gouvernance dans notre pays.

« Notre rôle, c’est de dire ce que font les cadres de l’administration, de nos ressources parce que ces ressources appartiennent à tous les guinéens. Nous espérons avoir abouti à l’objectif visés. Pour chacun d’entre nous, nous sommes parvenus à des résultats auxquels on ne s’attendait pas », a expliqué le rédacteur en chef du Lynx et de la Lance.

Le système carcéral guinéen déliquescent

A travers cette enquête le journaliste a ressorti les conditions de vie et de détention des prisonniers. En Guinée les prisons sont plutôt des mouroirs au lieu d’être des centres de réinsertion et de rééducation des personnes incarcérées comme c’est le cas dans d’autres cieux. Généralement les nombreuses personnes qui en sortent sont atteintes de maladies chroniques qui les transforment visiblement.

« De façon résumée, notre enquête a révélé que le système carcéral guinéen est déliquescent. Au lieu d’être des centres de réinsertion et de rééducation des personnes qui sont en conflit avec la loi, les prisons guinéennes sont plutôt des mouroirs. Dans d’autres cieux, quand on met quelqu’un en prison, on le rééduque afin de l’avoir sous une meilleure forme dans la société. Des anciens prisonniers, des familles de prisonniers qualifient les conditions de détention dans les prisons guinéennes, très difficile. Les infrastructures ne sont pas adaptées, la nourriture n’est pas non plus adaptée. Ceux qui y mangent développent souvent des maladies. Il ressort également que les cliniques ne sont pas dotées de médicaments suffisants ni d’équipements. Il y a plein d’autres choses qui ne se déroulent pas normalement dans ces maisons carcérales. On a comme l’impression que ce ne sont pas des humains qui y sont détenus. Il sont abandonnés à eux-mêmes », a révélé Mamadou Adama Diallo, l’auteur de l’enquête.

Ci-dessous le résumé de l’enquête

Guinée : La déliquescence du système carcéral, inchangée

Depuis 2020, le système carcéral guinéen reste toujours le même. Jusque-là aucune nouvelle infrastructure n’a été construite, pour humaniser les prisons du pays. La Maison centrale de Conakry, la plus grande de la Guinée, reste surpeuplée. Prévue pour 300 prisonniers, elle en regorge encore plus de 1 500. Le traitement nutritionnel n’a toujours pas changé. Conséquences ? De nombreuses familles sont obligées d’envoyer de la nourriture pour leurs membres qui y sont détenus. Tel est le constat que nous avons fait via ce lien https://lelynx.net/2020/12/justice-un-systeme-carceral-affreux-et-couteux/ avec un appui de OSIWA (Open Society Initiative for West Africa). Entre 2020 et 2021, de nombreuses personnes qui ont développé des pathologies à la Maison centrale en sont morts. Notamment des détenus politiques à cause des conditions de détention lamentables. On peut citer Roger Bamba, militant de l’UFDG mort au mois de décembre 2020.  Le 16 janvier 2021, Mamadou Oury Barry, un jeune détenu politique meurt en détention à la Maison centrale de Coronthie. El Hadj Ibrahima Sow, sexagénaire est également décédé à la maison centrale au mois de novembre 2020. Pas plus tard qu’au mois de mars 2022,  Lansana Bangoura est mort en détention à la maison centrale de  Conakry. Sans compter de nombreux anonymes qui  sont malades et meurent à petit feu à cause des mauvaises conditions de détention.

Dans une sortie médiatique, un avocat, Maitre Salifou Béavogui, a récemment  indiqué qu’à la maison centrale, de nombreuses personnes poursuivies en flagrant délit  croupissent, il y a un, deux ou trois mois. D’où la détention prolongée, l’un des freins à l’amélioration du système carcéral.

 Nous avions noté  qu’à la date du 27 février 2020, un total de 1 490 personnes étaient détenues à la Maison centrale de Conakry. Parmi elles, seules 683 ont été jugées et condamnées. Depuis, 807 prisonniers y croupissent dont 121 mineurs, 8 filles et 82 femmes. Nul ne sait quand se tiendra leur procès. La plupart des gamins sont détenus pour vol ou tentative de vol. Leur mise en liberté pose problème. Généralement, ils n’ont pas de parents à Conakry, selon l’ONG, Même Droit pour Tous, MDT. Les autres détenus sont sous les verrous faute de soutien. Ils n’ont pas de frais d’avocats et rien n’est fait pour leur jugement. Un rapport des Nations unies aux droits de l’Homme de 2019 expliquait que la corruption, l’insuffisance de formation des magistrats et auxiliaires de justice, la lenteur des procédures judiciaires, les difficultés d’exécution des décisions de justice, l’insuffisance des budgets de fonctionnement, excusez du peu, sont des barrières judiciaires. A ces tares, s’ajoute  un faible budget accordé au département de la Justice.

Dans la Loi des Finances initiale 2021, rubrique (Détails budget ministères et institutions) le ministère de la Justice est doté de 162 milliards 73 millions19 millefrancs glissants et les établissements pénitentiaires de 21 milliards 434 millions 759mille francs guinéens, destinés à l’alimentation au sein des établissements pénitentiaires. Dans le doc, ils sont neuf établissements. Pourtant, selon le rapport des Nations unies sur les droits de l’Homme de 2019, la Guinée compte en tout : huit maisons centrales dont cinq du ressort de Conakry et trois relevant de Kankan, plus 23 prisons civiles dont 13 au compte de Conakry et 10 du ressort de Kankan. Soit 31 établissements pénitentiaires.

A l’allure où vont les choses, la prison censée être un centre de punition et de redressement, restera un véritable mouroir en Guinée. Les infrastructures sont encore non adaptées aux normes et côtoient un traitement nutritionnel qui laisse à désirer. ( statistiques… ?)

Mamadou Adama Diallo

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