Le coup d’Etat perpétré au Niger ce mercredi 26 juillet, par le CNSP (Comité National pour la Sauvegarde de la Patrie), acronyme de la junte militaire tombeuse du président Mohamed Bazoum, semble pour le moment être consommé. En écourtant le régime civil de Niamey, les putschistes font ainsi fi aux récentes menaces de la CEDEAO tout en lançant un défi à son président. Bola Ahmed Tinubu, qui se retrouve du coup face à son premier TEST.
Le président Mohamed Bazoum a été déposé par sa propre garde présidentielle pilotée par le général Abdourahmane Tchani. En dépit des multiples tractations menées, pendant toute la journée du mercredi, la CEDEAO n’a pas pu sauver le régime Bazoum. Le désormais ancien président est resté retenu à la présidence avec sa famille par des éléments de la garde présidentielle. La situation restera confuse durant toute la journée.
Finalement, c’est tard dans la nuit, qu’un groupe d’officiers dont le chef de la garde présidentielle, a confirmé le coup d’Etat à travers un communiqué lu à la télévision nationale.
Ce coup de force est donc intervenu quelques semaines seulement après un brillant discours tenu par Tinubu contre les putschs en Afrique de l’Ouest. C’était le 9 juillet précisément, lors du 63ème Sommet de la CEDEAO tenu à Bissau (Guinée-Bissau), et à l’occasion duquel il a été élu par ses pairs à la présidence de l’institution sous régionale. Tinubu avait ainsi promu publiquement de mettre fin à l’hégémonie des coups d’Etat dans cette partie du continent africain.
Convaincu que la démocratie est la « meilleure forme de gouvernance », il avait brandi le glaive contre tous ceux qui seront tentés de prendre le pouvoir par les armes. « Nous ne permettrons pas qu’il y est coup d’Etat…en Afrique de l’Ouest », avait fait savoir Tinubu.
Et voilà patatras, à peine qu’il ait fait cette promesse, que la situation bascule du côté du Niger. Et l’on peut aussi dire que c’est une opportunité pour lui de tenir parole. D’autant plus que ceci ressemble à un véritable ‘’gâteau aux cerises’’ livré sur un plateau d’or pour célébrer son baptême de feu à la tête.de la CEDEAO.
Car ce coup de force n’est rien d’autre qu’un défi dont-il doit falloir relever pour mériter la confiance et le respect de ses pairs et des peuples ouest africains.
Et de simples déclarations de soutien au régime déchu du Niger ne suffiront pour restaurer l’ordre dans de ce pays. Mais un seul acte posé dans ce sens vaut mieux que mille mots. Surtout que l’heure est grave. Car un coup d’Etat de plus, est un coup de poignard fatidique pour une démocratie qui peine à tenir débout.
Depuis 2020, le continent a enregistré cinq (5) coups d’Etat militaires dans l’espace CEDEAO. Un (1) au Mali, un (1) en Guinée, deux (2) au Burkina Faso et le tout dernier au Niger.
Comme on peut s’en apercevoir, les régimes militaires ont tendance à se normaliser dans la zone ouest africaine. L’implication des militaires dans le pouvoir politique a atteint une proportion maximale. Et si l’on ne prend garde, dans un bref délai, le pouvoir civil disparaitra au profit du régime militaire. Comme au bon vieux temps quoi.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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