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DRAME DE N’ZÉRÉKORÉ : QUEL EST LE RÔLE JOUÉ PAR LES FORCES D’ORDRE ?

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La Guinée est en deuil ! Le pays a connu une fin de semaine tragique. Ce dimanche, 1er décembre, un drame humain s’est produit à N’Zérékoré, capitale de la région forestière située au sud du pays. La tragédie est survenue lors de la finale d’un tournoi dit de refondation, auréolé du nom du Général Mamadi Doumbouya et qui opposait l’équipe de Zaly, la ville hôte, à celle de Labé, capitale de la région foutanienne. Le premier bilan officiel fait état de 56 morts et de plusieurs blessés.

Les victimes dont la plupart seraient des adolescents, auraient perdu la vie par suite de bousculade.

La situation aurait viré au cauchemar lorsqu’il y a eu échanges de projectiles entre supporters des deux camps à cause d’un mauvais arbitrage, dit-on.

Pour contenir le mouvement, les forces de l’ordre, comme d’habitude, auraient fait recours à la force. En tirant du gaz lacrymogène dans un stade plein comme un œuf. Vous connaissez la suite.

Les chants et danses qui rythmaient l’ambiance du stade du 3 avril, ont été brusquement estompés, remplacés par des cris stridents de détresse et de douleurs. Des cris assourdissants et des pleures envahirent l’atmosphère assombri par des nuages de gaz.

Prise de panique et de peur, la foule, dans un vacarme indescriptible, s’est ruée vers la porte principale qui était la seule issue. D’autres personnes, plus habiles, ont réussi à sortir en escaladant le mur du stade. Dans cette débandade, une cinquantaine de jeunes supporters ont perdu la vie.

Un évènement douloureux qui rappelle malheureusement celui du 28 septembre 2009, perpétré dans un stade, à Conakry. Avec 157 morts, selon le rapport de l’ONU, il a fait trois fois plus de victimes que le drame de N’Zérékoré. Son procès a été récemment bouclé avec de lourdes peines à l’encontre des principaux instigateurs.

Même si les circonstances de ces deux drames ne sont pas les mêmes, il reste évident que la tragédie de Zaly suscite aussi assez d’interrogations.

Quel est le rôle joué par les forces de l’ordre ce jour ? Pourquoi avoir pilonné un stade plein à craquer de gaz lacrymogène ? L’usage de la force était-elle vraiment nécessaire dans ce stade fermé ? Leur attitude a-t-elle permis de minimiser ou pas les dégâts ? Face à une telle situation, quel comportement devrait adopter un agent des forces de l’ordre ?

Ce sont là tant de questions qui méritent sincèrement des réponses afin d’éclairer la lanterne du public sur le choix, on espère judicieux, de l’usage de la force.

D’ailleurs, il est un secret de polichinelle que la forêt est réputée être une zone de tension. Cela à cause des conflits intercommunautaires qui sont légion. Sans oublier les séquelles de la rébellion de 2000 qui sont encore perceptibles sur le terrain.

C’est donc une zone très fragile, il suffit parfois d’une petite étincelle pour que tout s’embrase.

Disposant de telles informations cruciales, les forces de l’ordre devraient être forcément en alerte, prédisposées à agir convenablement pour gérer la situation.

Le bon sens voudrait que lorsqu’on se retrouve face à une telle situation, qu’on essaye dans un premier temps d’organiser une évacuation rapide des lieux. Afin d’éviter que le pire ne se produise.

Surtout, qu’on est censé savoir que s’il est facile de disperser une foule, même surexcitée, se trouvant dans un environnement ouvert où chacun a la possibilité de fuir de son côté, tel n’est pas le cas lorsqu’elle est coincée dans un espace limité voire fermé. Comme c’était le cas au stade de Zaly qui ne disposerait qu’une seule issue officielle : la porte principale qui sert à la fois de porte d’entrée et de sortie.

En usant donc de la force dans un tel endroit, on peut facilement imaginer la suite. Tant dis qu’on pouvait mieux faire, en agissant autrement.

On espère donc que la « commission d’enquête » annoncée ce lundi par l’État et dont la principale mission sera de « statuer sur les causes de cette tragédie et situer les responsabilités », édifiera davantage les Guinéens sur les circonstances réelles du drame.

L’annonce d’un deuil national de trois jours, à partir de ce mardi, sur l’ensemble du territoire national et dans les différentes Ambassades à l’étranger, est déjà une bonne décision. Car durant cette période, le tricolore national sera en berne pour témoigner la compassion et la solidarité du peuple Guinéen à l’endroit des victimes du drame de N’Zérékoré.

Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info

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