Vingt (20) mois après son avènement au pouvoir, l’homme du 5 septembre 2021, a effectué son premier voyage officiel hors du continent le 2 juin dernier. Invité à l’investiture du président Turc, Recep Tayyip Erdogan qui a été plébiscité le 28 mai dernier pour un troisième mandat, le président de la transition guinéenne a pris part à la prestation de serment de ce dernier le 3 juin 2023. Le colonel Mamadi Doumbouya y était avec son épouse, Lauriane Doumbouya qui n’a pas voulu se faire compter l’évènement.
Une sortie qui a surpris plus d’un observateur dans la mesure où, tout comme les membres de son gouvernement, le président de la transition est encore sous le coup des sanctions de la CEDEAO. L’on se souvient que l’organisation sous régionale avait pris le 18 février 2023, une mesure contraignante contre les trois juntes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. cette mesure « interdit aux membres de gouvernement » de ces Etats de « voyager » hors de leurs frontières.
Vraisemblablement, à Conakry, une telle mesure sans effet, l’on en a cure. Surtout lorsqu’on est parrainé par un certain Paul Kagamé. Le président Rwandais était à Conakry les 17 et 18 avril derniers, où il a inauguré en grande pompe un échangeur qui porte désormais son nom : « l’échangeur Paul Kagamé » en lieu et place de « Kagbelen », le nom d’origine.
En Afrique, le colosse de Conakry s’est rendu chez ses voisins du Mali et de la Sierra Léone. Il a fait honneur à son homologue malien, le colonel Assimi Goita, en prenant part à la fête de l’indépendance du Mali, le 21 septembre 2022. Et un mois après, c’est-à-dire, fin octobre de la même année, il a rendu une visite « d’amitié et de fraternité » à son homologue léonais Julius Maada Bio qui a été le premier chef d’Etat à se rendre à Conakry, un mois après le putsch du 5 septembre 2021.
A Ankara, le chef de la junte militaire guinéen a été reçu avec tous les honneurs dus à son rang de président. Car reçu et logé à la même enseigne que la cohorte des chefs d’Etat (une vingtaine) présente à ce cérémonial d’investiture, le putschiste de Conakry ne peut que s’enorgueillir. Accueilli en chef d’Etat, il a eu un tête à tête avec son homologue Turc. Les deux hommes ont certainement échangé sur le raffermissement des liens de coopération entre Conakry et Ankara. Les moments de complicité constatés entre les deux présidents lors du banquet offert par le couple Erdogan au palais présidentiel de Çankaya, en font foi.
Lors de cette sortie qui lui ouvre désormais les portes de l’extérieur, Mamady Doumbouya a aussi profité pour rencontrer ses homologues africains qu’il voit pour la première fois. Il a certainement mis cette occasion à profit pour rassurer et nouer des rapports de confiance avec ses pairs qui ne cessent de lui mettre la pression.
Dans les coulisses, beaucoup de guinéens espéraient le voir rencontrer son ancien patron Alpha Condé. Sauf que ce dernier n’a pas été aperçu parmi les nombreux invités présents ce jour. Alpha était-il réellement présent ? Se sont-ils vus loin des paparazzis ? Difficile de le dire. Mais ce sont entre autres questions qui restent aujourd’hui en travers de la gorge de bon nombre de guinéens.
Ce voyage inespéré s’est finalement révélé être une véritable bouffée d’oxygène pour Mamadi Doumbouya longtemps resté isolé dans son palais. En quête de reconnaissance internationale, il a forcément usé de ses opérations de charme pour rassurer sur sa bonne foi. Mais aussi pour nouer des rapports de confiance avec ses pairs africains qui lui mettent la pression.
Le nouvel homme fort de Guinée a regagné ainsi le pays, ce dimanche 4 juin, avec l’espoir d’avoir gagné la reconnaissance de ses pairs du continent qui le lorgnaient de travers.
Samory Keita pour kibanyiguinee.info
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