L’Organisation des Nations Unies (ONU) met la pression sur la Guinée. Très préoccupée par la disparition forcée des activistes guinéens, Foniké Menguè et Billo Bah, enlevés depuis quatre mois dans des conditions extrajudiciaires, elle dresse une panoplie d’exigences au Gouvernement Guinéen.
C’est à travers un rapport rendu public par la rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme et du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, qu’elle s’est à nouveau exprimée, en adressant une correspondance datée du 24 septembre dernier, au Gouvernement Guinéen, pour demander des explications sur les cas de Foniké Menguè et Billo Bah.
Dans ce courriel qui a plutôt l’air d’une intimation, l’institution onusienne a d’abord tenu à attirer l’attention du gouvernement sur les informations qu’elle a, à sa disposition, concernant les deux activistes guinéens. Des évènements en lien avec la création, en 2019, du FNDC et sa dissolution 3 ans plus tard, les déboires judiciaires de ses leaders à cause de leur activisme, jusqu’à leur enlèvement le 9 juillet dernier par des hommes en treillis lourdement armés. Des faits qui incriminent le pouvoir de Conakry et pour lesquels l’ONU exige des éclaircissements.
« Sans vouloir à ce stade nous prononcer sur les faits qui nous ont été soumis, nous exprimons notre profonde préoccupation par les graves allégations d’enlèvement et de disparition forcée du M. Sylla et M. Bah », peut-on lire dans cette missive dont copie a été donnée à la rédaction de [kibanyiguinee.info], qui précise par la même occasion que « si ces allégations s’avéraient confirmées, le Gouvernement aurait gravement violé les droits humains fondamentaux et ses engagements en matière de droit international des droits de l’homme, y compris la prohibition de disparition forcée et de détention arbitraire. »
En vertu donc des mandats que lui confère le Conseil des droits de l’homme, le bureau de la rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme et du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, a sollicité du gouvernement une coopération, afin de tirer au clair les cas en liens avec les deux activistes disparus. Pour ce faire, elle a exigé du Gouvernement de :
1.Transmettre toute information ou tout commentaire complémentaire en relation avec les allégations susmentionnées ;
2.Fournir d’urgence des informations sur le sort de M. Sylla et M. Bah et sur le lieu où ils se trouvent. S’ils sont privés de liberté, de fournir des informations sur les raisons de fait et de droit de leur détention, l’accès des détenus à leurs familles et représentants, ainsi que sur leur état de santé ;
3.Fournir les détails et, le cas échéant, les résultats de toute enquête et recherche ou autre qui ont pu être menées pour identifier les auteurs de l’enlèvement et la disparition forcée présumée des M. Sylla et M. Bah. Si le ou les auteurs présumés ont été identifiés, également préciser si des sanctions pénales ou des mesures disciplinaires leur ont été imposées.
En plus, dans ce rapport, signé par la rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor et la présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaire, Gabriella Citroni, l’ONU invite le Gouvernement de « prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des droits et des libertés des individus mentionnés, de diligenter des enquêtes sur les violations qui auraient été perpétrées et de traduire les responsables en justice. »
Enfin, elle promet de publier, dans un délai de 60 jours, la réponse (si réponse y’en a) du Gouvernement.
Sidafa Keita pour kibanyiguinee.info