Message à la nation du président de la République, Denis Sassou-N’Guesso à l’occasion des 60 ans de l’indépendance
Mes chers compatriotes ;
15 août 1960 – 15 août 2020, voici 60 ans que notre pays accédait à la souveraineté internationale. Dans la vie des nations, 60 ans représentent un repère cardinal qu’il importe de marquer d’une pierre blanche.
C’est pourquoi nous avions décidé d’une célébration solennelle de cet événement, en dépit des difficultés économiques et financières du moment.
Cette volonté d’honorer notre histoire a été malheureusement contrariée par la grave crise sanitaire générée par la pandémie de COVID-19, qui, déstabilisant la planète entière, n’a pas épargné le Congo.
Mes chers compatriotes ;
La commémoration de ce passé commun nous impose d’abord le devoir de rendre un hommage mérité et renouvelé aux pères de l’indépendance ainsi qu’à la génération de nos compatriotes qui, avec eux, ont pris le relai des mains du régime colonial afin d’assumer, dans l’honneur et la dignité, notre destin collectif.
Depuis 1960, le Congo indépendant avance, orienté par la boussole de notre devise « Unité-Travail-Progrès ».
L’Unité a parfois été mise à rude épreuve. Mais, à chaque fois, un sursaut s’est toujours opéré à l’avantage de la paix et de la cohésion nationale.
Avec des formules originales internes, fruits de notre sagesse millénaire, nous avons su surmonter des épreuves même les plus douloureuses.
L’Unité est à la base de nos grandes victoires : l’Unité au service du travail acharné qui requiert toujours abnégation et esprit de sacrifice, car aucun Peuple ne s’est affranchi et ne s’est assumé dans la facilité.
Le Travail nous a permis d’affronter les conjonctures même les plus difficiles, à l’instar de celle que nous traversons présentement.
Le travail est créateur de richesse et le travail est source de progrès.
Progrès, OUI. Nous pouvons dire que 60 ans après, nous n’avons pas reculé. Nous avons plutôt avancé. C’est en cela que nous parlons de progrès.
A titre d’illustration, à son accession à l’indépendance, notre pays ne disposait pas d’un seul kilomètre de chaussée asphaltée sauf quelques voiries bitumées dans les quartiers résidentiels des ressortissants européens basés à Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie.
Aujourd’hui, nous totalisons 3.111 kilomètres de voies bitumées, avec des ouvrages de franchissement sur pratiquement l’ensemble de nos grands cours d’eau.
Le réseau routier bitumé s’est densifié 60 ans après, dans nos principales villes et, à la faveur des municipalisations accélérées, dans les chefs-lieux des départements.
La grande dorsale traversant le pays du sud au nord ainsi que les axes d’intégrations sous régionale assurant la connexion avec les pays frontaliers sont révélateurs de nos progrès appréciables en matière d’infrastructures routières.
Dans cette même logique, en 1960, le Congo ne possédait qu’un seul aéroport international, celui de Brazzaville.
Il sied de saluer les avancées enregistrées dans la sphère du transport aérien grâce à la disposition actuelle de 3 plateformes aéroportuaires de classe internationales, 8 aéroports locaux modernes et 12 aérodromes pour le trafic national.
Un port moderne en eau profonde à Pointe-Noire conforte notre vocation de pays de transit.
En renforçant d’unité physique de notre pays par la jonction et l’accès plus aisé à nos différentes entités administratives, la modernisation et la densification des infrastructures de transport nous offrent l’avantage d’une circulation plus fluide et d’un rapprochement plus effectif de nos populations.
Ainsi, par leur brassage plus dynamique, les filles et fils du Congo se connaissent davvantage pour mieux assumer les destinées de la Nation.
Toujours à titre d’illustration, en 1960, notre capacité de fourniture d’électricité était évaluée à 15 mégawatts produits par le barrage hydro-électrique du Djoué et 4 centrales thermiques réparties entre Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie.
60 ans après, notre pays dispose d’une puissante installée de 810 mégawatts avec les barrages hydro-électriques de Liouesso, d’Imboulou, du Djoué, de Moukoukoulou et la centrale à gaz de Pointe-Noire.
Ces installations constituent des segments primordiaux du boulevard énergétique, appelé à couvrir, à terme, l’intégralité de nos besoins en électricité.
Le même pari en terme de couverture nationale incombe aussi au secteur stratégique des télécommunications qui, reliant Pointe-Noire et Brazzaville par un simple câble coaxial au moment de l’indépendance, tire désormais parti de l’installation de la fibre optique.
De ce fait, le Congo a intégré la « société de l’information » grâce au maillage du territoire national en infrastructures de télécommunications très haut débit, à travers sa connexion à la boucle mondiale à fibre optique sous-marine reliant l’Afrique et l’Europe.
En ce qui concerne la fourniture en eau potable, la capacité de production journalière en milieu urbain est passée de 21.000 à 277.500 mètres cubes, de l’indépendance à nos jours.
Pour sa part, l’enseignement général était assuré par moins d’une vingtaine d’établissements de cycle primaire, une dizaine au niveau secondaire et à peine 4 lycées en 1960. Le Congo compte actuellement 2.061 écoles du cycle primaire, 317 collèges et 63 lycées.
De son côté, l’enseignement technique, qui ne disposait que de l’actuel lycée technique du 1er mai à Brazzaville en 1960, bénéficie présentement de 88 établissements en cours de fonctionnement, de réhabilitation ou de construction.
Sans aucune structure d’enseignement supérieur au moment de l’indépendance, le Congo s’est doté, 60 ans après, de plusieurs infrastructures académiques dont l’université de Kintélé qui en constitue le fleuron.
Avec un seul hôpital général en 1960, notre pays dispose, à l’heure actuelle, de 8 formations sanitaires de même niveau.
La construction en cours des 12 hôpitaux généraux et de l’hôpital central des Armées magnifie la volonté renouvelée, tout au long des six décennies de notre indépendance, de doter notre pays des structures de soins efficaces qui améliorent régulièrement les performances de notre système sanitaire.
Sur le plan sportif, le Congo n’a hérité que de deux stades de football sommairement aménagés, les stades Eboué à Brazzaville et Anselmi à Pointe-Noire.
Notre pays célèbre, ce jour, les 60 ans de son indépendance avec des installations sportives modernes et diversifiées.
L’on peut citer le complexe omnisport de Kintélé, les stades implantés dans chaque capitale départementale, les quatre palais de sport de Brazzaville, les multiples plateformes pour les disciplines collectives comme le basketball et le volleyball.
Faut-il rappeler que le Congo est le seul pays à avoir organisé à deux reprises les Jeux africains, en 1965 et 2015.
La disponibilité des installations sportives de haut niveau dans le pays a facilité la célébration du cinquantenaire de cette compétition continentale à Brazzaville.
Par ailleurs, à l’époque de l’indépendance, le Congo ne comptait que quelques cadres nationaux, généralement appelés à servir dans les autres pays de l’Afrique Equatoriale Française.
Depuis 1960, le capital humain congolais s’est considérablement amélioré grâce à une politique adéquate de formation des personnels dans les différents domaines socio-professionnels.
De la sorte, le petit embryon de l’armée hérité de la colonisation s’est mué en une Force publique qui défend, avec honneur, notre souveraineté et participe aux missions de maintien dans la paix dans certaines zones de conflits en Afrique.
Dès lors, au regard de ces résultats, nous ne pouvons que parler de progrès : un progrès qui atteste de ce que nous avons, sans risque de nous tromper, véritablement assumé nos 60 ans de souveraineté.
D’ores et déjà, l’élan de solidarité nationale observé dans le combat contre la pandémie de Covid-19 témoigne, à suffisance, du sens de responsabilité et de dévouement des filles et des fils du Congo devant l’épreuve et les menaces contre la Nation.
Mes chers compatriotes ;
L’indépendance, nous l’avons également voulue pour les autres peuples d’Afrique.
C’est pour cette raison que, très tôt, nous nous sommes engagés dans le soutien aux mouvements et aux luttes de libération nationale pour une décolonisation totale de l’Afrique.
Au plan international, nous avons toujours soutenu les causes justes, malgré toute l’adversité que pouvaient engendrer nos positions.
Je rappelle aussi que, 4 ans seulement après son accession à l’indépendance, le Congo a été l’un des tout premiers pays d’Afrique noire subsaharienne à établir, le 26 avril 1964, les relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine.
Aujourd’hui, nous saluons la célébration dans quelques mois, par le Peuple français, de l’année 2020 consacrée à l’œuvre du Général de Gaulle.
Souvenons-nous aussi de ce grand rassemblement tenu en 1958 au stade Eboué par l’ancien Président Français Charles de Gaulle, au cours duquel, parlant de l’avenir de la Communauté franco-africaine, il projetait la fin de la colonisation qui a permis, en 1960, à plusieurs pays africains d’accéder à l’indépendance.
Mes chers compatriotes ;
60 ans après, et fort de nos prédispositions portées par les valeurs de solidarité, d’hospitalité et de justice, nous nous sommes engagés dans d’autres combats, notamment la consolidation de la paix à travers le règlement de certains conflits et la préservation d e l’environnement.
La protection de l’environnement devenant un pari planétaire, le Congo s’est aussi placé dans les premières tranchées pour le combat contre les changements climatiques, avec une voix crédible depuis plusieurs décennies.
Par ailleurs, nous avons entretenu des relations de coopération avec tous les Etats du monde sur la base d’intérêts réciproques.
Enfin, nous rêvons toujours d’une Afrique telle que l’ont pensée les Pères de l’Organisation de l’unité africaine et des indépendances auxquels nous rendons, ce jour, un vibrant hommage.
Nous rêvons de cette Afrique qui prendra une part active au développement de l’humanité.
Au moment où nous entamons la 7e décennie post indépendance de notre pays, nous croyons aux grands ensembles et à la nécessité d’un développement intégré qui assurera, au Congo, son développement dans une Afrique rayonnante et prospère.
Il nous faut donc œuvrer à la consolidation de la paix et de l’unité, ainsi que persévérer dans l’effort et le travail acharné pour surmonter les difficultés actuelles, notamment la crise sanitaire, économique et financière que traverse notre pays, et continuer notre marche vers le développement.
L’optimisme est permis pour la prochaine décennie.
Bonne fête de l’indépendance à tous
Vive la République
Vive le Congo
Je vous remercie
MIATOLOKA Boryce Agapyth pour JMI