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VIGILOR SECURITÉ

CNT : LE ‘’REQUISITOIRE’’ DU MAGISTRAT ISARËL KPOGOMOU A L’ENCONTRE DU MINISTRE DE LA JUSTICE CHARLES WRIGHT TRES APPLAUDI PAR DES CONSEILLERS

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C’est un fait inédit qui s’est produit ce matin devant les honorables conseillers nationaux. Venue apporter sa contribution dans le cadre du « débat d’orientation constitutionnel », l’Association des magistrats de Guinée (AMG), par la voix de son secrétaire général a saisi l’opportunité pour tancer vertement le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’homme. Abdoulaye Israël Kpogomou n’a pas trouvé meilleure opportunité, pour régler ses comptes avec le ministre Alphonse Charles Wright. Devant le pupitre, le magistrat fit un réquisitoire contre le Garde des Sceaux, qui fera forcément tache d’huile. Cette tribune de Kpogomou contre l’ancien procureur général de la république a été vivement applaudi par des conseillers nationaux.

En bon communicant, le magistrat a débuté son speech par égrener un chapelet de propositions et de recommandations. Chose à laquelle l’auditoire s’est déjà habitué. Ainsi après une batterie de propositions faites, sur lesquelles nous reviendrons plus tard dans nos publications, le secrétaire général affirme au prime à bord que « l’AMG estime que ce débat est une première dans notre cher pays et le moment approprié d’attirer l’attention des honorables représentants du peuple de Guinée ici présents sur les violations flagrantes des lois relatives à la bonne administration du service public de la justice, auxquelles il faut remédier sans délai dans l’intérêt d’une bonne transition ». Puis d’enchainer : « à cet égard, l’AMG recommande au CNT, d’avoir un regard particulier sur la loi organique portant statut des magistrats dont les dispositions relatives à la mise en mouvement de l’action disciplinaire sont régulièrement et sciemment violées par l’actuel Garde des Sceaux. »

Poursuivant d’une voix audible, il martèle : « l’AMG dénonce l’attitude du Garde des Sceaux qui est en train de mener sa propre transition dans cette transition, avec pour corolaires la théâtralisation, la désacralisation, la banalisation et l’infantilisation de la justice à travers des actes qui sont contraires au discours de prise du pouvoir par le CNRD ». Cette dénonciation du magistrat est accueillie par des vivats dans la salle qui dureront quelques secondes.

A peine que ces applaudissement cessèrent, il repris son réquisitoire : « Les publications intempestives des actes de procédure, en l’occurrence des injonctions, ainsi que des actes administratifs, en l’occurrence des arrêtés de suspension de magistrats sur les réseaux sociaux, au mépris de la loi, la volonté de traumatiser les magistrats, de les humilier et de les soumettre coute que coute, constituent aujourd’hui des indicateurs sérieux qui doivent alerter les autorités de la transition de la volonté du Garde des Sceaux de réécrire l’histoire de la justice guinéenne », Et de dénoncer, «  les persécutions, les menaces et les chantages de décrets effectués contre les magistrats par le Garde des Sceaux et interpelle avec déférence les autorités de la transition sur la situation délétère et le malaise profond qui règnent actuellement au sein de la justice guinéenne qui a urgemment besoin d’un sauvetage. »

Insatiable dans son réquisitoire, le magistrat changera de cible pour s’en prendre cette fois-ci aux institutions de la république pour leur silence coupable. Selon Abdoulaye Israël Kpogomou, « l’AMG, préoccupée par le silence coupable des institutions de la république, en particulier le CNT, dont le président a été un acteur important dans l’adoption de la loi L054/CNT/2010 portant statut des magistrats, interpelle respectueusement ce dernier à œuvrer aux côtés de Monsieur le président de la transition pour sauver la justice qui est actuellement au bord du gouffre ». Une autre déclaration qui sera vivement applaudie par les conseillers nationaux.

N’ayant pas fini de régler ses comptes avec le Garde des Sceaux, l’homme de droit lance de nouvelles piques à l’encontre de sa cible préférée du jour. « Face à un Garde des Sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, auteur de la violation récurrente de certaines lois de la république et le tout porté sur les questions de droit de l’homme, l’AMG a le droit d’alerter l’opinion nationale sur les menaces réelles aux conséquences dangereuses qui planent sur l’indépendance de la justice guinéenne ». Et pour fonder ses accusations, il   prendra à titre d’exemple, « la persécution que subit son (AMG) président M.Mohamed Diawara et son SG M.Abdoulaye Israël Kpogomou, arbitrairement suspendus de leur fonction et tendancieusement traduits devant le conseil supérieur de la magistrature dans un climat de règlement de compte… »

Vu la tournure que prenait le débat, le président du CNT tentera de recadrer le magistrat, en jouant un peu aux sapeurs-pompiers. « Monsieur le secrétaire général, nous sommes sur le débat constitutionnel, donc ramenez nous sur la constitution, s’il vous plait », clamera Dr Dansa Kourouma. Mais sa voix est à peine perceptible, car surplombée par celle très audible et persistante de l’homme aux robes noires. Même s’il était en costume ce jour.  

Ainsi M.Kpogomou dira que : « l’AMG, au vu de ces précédents malheureux et fâcheux, recommande que les prérogatives de suspension des magistrats par le Garde des Sceaux, soient rigoureusement encadrées par la future loi organique portant statuts des magistrats et subordonnées à un avis préalable du Conseil Supérieur de la Magistrature, pour éviter que des décisions au relent de règlement de compte visant à entacher la carrière de magistrats méritants…, suggère qu’aucune nomination ne soit désormais faite par le Garde des Sceaux par voie d’arrêter afin d’éviter une instrumentalisation de la justice à des fins personnelles ». Avant de conclure en ces termes : « l’AMG en tant que sentinelle de l’état de droit et soucieux de la réussite de cette transition compte jouer sa partition pour l’avènement d’une nouvelle Guinée unie et prospère avec comme baromètre une justice responsable, vertueuse, professionnelle et respectueuse des droits de l’homme. De ce point de vue, elle exprime sa disponibilité de travailler aux côtés de toutes les institutions de la République pour une transition apaisée. »

Au terme de ce réquisitoire très accablant contre un ministre de la République, quelques voix isolées se sont soulevées pour demander des motions pour dénoncer le caractère impulsif et déplacé du débat. « Il ne faudrait pas que cette tribune soit transformée en tribune de règlement de compte… », réagit un conseiller. Et un autre, plus sage, conseillera le président du CNT, d’expliquer désormais les règles de jeu en amont aux futurs intervenants avant qu’ils ne prennent la parole.

De son côté, Dr Dansa Kourouma dira que l’intervenant est sorti du cadre du débat. Aussi, il estime que les propos tenus étaient inappropriés et n’avaient pas besoin d’être dits dans cet espace qui ne sied pas.

« Il faut que ça soit claire, Monsieur le Secrétaire Général est allé au-delà de qu’on lui a demandé…Ce qui murmurent derrière peuvent murmurer, les principes sont les principes…Nous avons envoyer des termes de références…Nous avons posé des questions, nous avons besoin des réponses à ces questions ici et non un réquisitoire sur le fonctionnement de la justice », regrettera Dr Dansa Kourouma. Puisque pour lui, « ce n’était pas le lieu de ce débat », avant de dénoncer des propos qu’il qualifie d’« inappropriés » et estime que ni  l’espace ni le cadre n’était opportun.

Keita Samory pour kibanyguinee.info

Tél: 622 20 95 90

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