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VIGILOR SECURITÉ

TRANSITION EN GUINEE : ABUS D’AUTORITE, POPULATIONS ASPHYXIEES

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Depuis les évènements du 4 novembre dernier qui se sont caractérisés par l’évasion de quatre détenus de la prison la plus sécurisée du pays, l’horloge ne tourne plus dans le même sens de l’aiguille d’une montre, pour les guinéens. En plus d’être la cible des bandits qui règnent en toute impunité dans les quartiers, ils subissent depuis quelques moments les abus d’un pouvoir en quête de légitimité  

Des officiers de l’armée guinéenne, des fonctionnaires de l’Etat et des citoyens ordinaires, tous sont frappés aujourd’hui avec le même bâton. Et cela depuis le lendemain de cette évasion perpétrée par un commando lourdement armée qui a réussi, à travers son opération, à déjouer le système sécuritaire de l’Etat et défier les forces de défense et de sécurité. Et a montré la fragilité d’un pouvoir pourtant acquis à coups de mitraillettes et de canons un matin du 5 septembre 2021.

Un pouvoir militaire autoritaire qui, contre toute attente, a vacillé le 4 novembre dernier sous l’emprise d’un petit groupe de soldats mais aguerri au combat. Qui ont réussi à démystifier le pouvoir du colonel Doumbouya.

Pour laver cet affront qu’il perçoit comme une humiliation pour son pouvoir, le locataire du palais Mohamed V, le colonel Mamadi Doumbouya use abusivement de son pouvoir discrétionnaire. Très remonté, il déverse sa bille de colère sans discernement et asphyxie tout un peuple.

Les premières victimes sont les officiers de l’armée et des fonctionnaires de l’Etat dont il a radié des effectifs de l’armée et renvoyé de la fonction publique plusieurs dizaines, et remplacé d’autres. Le cas le plus illustratif est le limogeage de son chef des renseignements généraux, Ansoumane Camus Camara. Qu’il a été remplacé par un officier de l’armée de terre, en l’occurrence le colonel Sékou Tdiane Camara. Dans l’espoir que ce dernier saura le consoler.

Cette mesure punitive prise à l’encontre de ces petits serviteurs de l’Etat qu’on se sert comme « bouc-émissaires » en lieu et place des vrais responsables hauts percés, est perçue comme une maladresse par bon nombre d’observateurs qui pensent que les conséquences de tels actes mal inspirés sont toujours néfastes.

Les autres victimes sont les pauvres citoyens qui n’échappent pas à la rage du colonel. A part le symposium organisé la semaine dernière pour rendre hommage à titre posthume aux 9 victimes (dont 3 civils) des évènements du 4 novembre, les citoyens sont régulièrement persécutés.

Les opérations de ratissage initiées dans plusieurs quartiers de Conakry, à la recherche du fugitif Claude Pivi, ont fait plusieurs victimes. Beaucoup se plaignent des bavures d’éléments des forces spéciales qui violentent et volent les citoyens. La situation est tellement dramatique que les guinéens ne savent plus où donner de la tête. Devenus la cible privilégiée des hors la loi qui règnent en toute impunité dans les quartiers et du pouvoir censé pourtant les protéger, ils confient désormais leurs âmes au diable. Car, ne sachant plus que faire.

Impuissant face aux atrocités qu’ils subissent de la part de ses dirigeants le peuple semble avoir perdu tout espoir. Et tout porte à croire que la fin de leur calvaire n’est pas pour demain.

L’opération lancée contre la vente illicite des médicaments et le déguerpissement des occupants des emprises, bien qu’étant une mesure appréciable, n’est pas réalisée dans les règles de l’art. Sur le terrain, les forces de l’ordre chargées d’exécuter ces opérations se livrent à des pratiquent très déshonorantes pour l’uniforme du soldat et qui ternissent l’image du pouvoir en place.

Les citoyens sont dépouillés de leur bien et mis dehors sans management.

Des actes malsains qui provoquent aujourd’hui une onde de choc au sein de l’opinion nationale.

Samory Keita pour kibanyiguinee.info

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