Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, est plus que jamais décidé à attaquer l’Iran à la suite d’une tentative d’assassinat contre lui perpétrée samedi à l’aide d’un drone contre sa villa personnelle au nord de Tel-Aviv.
« Des agents de l’Iran ont tenté de m’assassiner moi et mon épouse, ils ont commis une grave erreur », a lancé Benyamin Netanyahou à la suite de l’explosion samedi d’un drone tiré à partir du Liban par le Hezbollah contre sa villa à Herzliya, au nord de Tel-Aviv. Selon le porte-parole de l’armée, le Premier ministre et son épouse ne se trouvaient pas dans le bâtiment au moment de l’attaque. Les médias israéliens, soumis à la censure, ont clairement laissé entendre que le drone avait atteint sa cible et provoqué « quelques dégâts ». Cette tentative d’élimination du chef du gouvernement est sans précédent.
La délégation iranienne à l’ONU s’est empressée de prendre ses distances en affirmant que le Hezbollah est seul responsable de ce tir. Un argument qu’Israël Katz, le ministre israélien des Affaires étrangères, a totalement rejeté. « L’Iran qui a créé, financé, armé et entraîné le Hezbollah est derrière toutes les opérations » menées par cette organisation. « Vous êtes responsables », a proclamé le chef de la diplomatie à l’adresse des dirigeants iraniens, autrement dit, ils ne perdent rien pour attendre.
Représailles douloureuses
Selon des médias israéliens, cette tentative d’élimination pourrait pousser Benyamin Netanyahou à donner son feu vert à des représailles beaucoup plus « douloureuses » à l’encontre de l’Iran en guise de réplique aux tirs le 1er octobre de 200 missiles balistiques iraniens contre le territoire israélien . Depuis près de trois semaines, le Premier ministre, soumis à d’intenses pressions des Etats-Unis, qui veulent à tout prix éviter des raids contre des installations pétrolières ou nucléaires iraniennes, semblait hésiter sur l’ampleur de l’offensive à mener et la liste des cibles.
Ce dossier est à ce point sensible qu’il s’est immiscé dans la campagne électorale américaine. Donald Trump a révélé samedi avoir eu un entretien avec le Premier ministre. « Biden dit à Bibi Netanyahou ne fais pas ceci, ne fais pas cela. Mais Bibi m’a dit qu’il ne l’écoutait pas, si bien qu’ils (les Israéliens) sont dans une bien meilleure position » , a proclamé le candidat républicain. Le bureau du Premier ministre a confirmé que les deux hommes s’étaient parlé. « Israël est attentif aux préoccupations de l’administration américaine, mais agit en fonction de ses intérêts nationaux », a souligné un communiqué officiel.
Eliminations ciblées
Parmi les scénarios évoqués par les médias, la radio de l’armée a évoqué la possibilité d’éliminations ciblées de dirigeants iraniens, y compris du guide suprême Ali Khamenei ou de hauts responsables des Gardiens de la révolution.
Autant dire que la diplomatie a, dans un tel contexte de tension extrême, bien du mal à faire entendre sa voix. Antony Blinken va malgré tout s’y atteler au milieu de la semaine lors d’une énième tournée dans la région. Au menu de ses discussions outre l’Iran, trois dossiers devraient être en bonne place sur la table : comment parvenir à un cessez-le-feu au Liban et dans la bande de Gaza, qui permettrait aussi la libération des 101 otages détenus par le Hamas et les mesures que Washington exige qu’Israël prenne afin de débloquer la fourniture de l’aide humanitaire pour les Palestiniens à Gaza . Cette dernière question est à ce point vitale que les Etats-Unis ont menacé la semaine dernière de suspendre une partie de leurs livraisons d’armes à Israël, si d’ici à trente jours la situation ne s’améliorait pas pour les Gazaouis.
QG des renseignements du Hezbollah
Les Européens font pression également pour la même raison. La France va, pour sa part, apporter sa contribution en organisant jeudi une conférence de « soutien au Liban et à sa souveraineté ». Seule certitude : pour le moment, les appels à la modération ne sont pas entendus sur le terrain.
L’armée israélienne a effectué deux raids dimanche à Beyrouth, dont un contre le QG des renseignements du Hezbollah qui, de son côté, a tiré plus d’une centaine de roquettes vers le nord d’Israël. Trois soldats libanais ont été tués par une frappe israélienne sur un véhicule militaire dans le sud du Liban et l’agence nationale d’information ANI a rapporté que l’armée israélienne avait dynamité plusieurs maisons dans trois villages près de la frontière avec Israël.
Dans la bande de Gaza, Tsahal continue ses opérations dans le nord de l’enclave. Les combats auraient fait plus de 80 morts durant le week-end, selon le Hamas. Malgré l’élimination de Yahya Sinouar, son chef, par l’armée israélienne, le Hamas poursuit lui aussi ses attaques.
LesEchos